Quatre élections partielles auront lieu au Québec le 5 décembre, ce qui portera à 13 le nombre de députés de l’Assemblée nationale ayant du être remplacés en cours de mandat depuis les élections générales du 7 avril 2014. Afin de s’y retrouver, Métro dresse un récapitulatif des mouvements de personnel, des chiffres à retenir et de la performance des partis.
À la fin de 2016, pas moins de 10 % des élus de la 41e législature auront été remplacés. «On peut imaginer un scénario où autant de départs feraient la différence entre un gouvernement majoritaire ou minoritaire, rappelle le professeur adjoint au Département de science politique de l’Université Laval, Marc André Bodet*. Les libéraux ont toutefois une majorité suffisante pour ne pas être menacés.»
Malgré l’austérité et les nombreuses controverses éthiques, l’aiguille a peu bougé pour les libéraux dans les neuf complémentaires tenues depuis 2014. Un signe de satisfaction de l’électorat? «Les victoires des libéraux ont eu lieu dans des circonscriptions acquises. Ce n’étaient pas des élections compétitives, explique M. Bodet. Je ne pense donc pas qu’on puisse parler d’un référendum sur les performances du gouvernement.»
Le chercheur indique toutefois que la ronde de partielles qui s’en vient servira de baromètre pour les principaux partis d’opposition. «Si la Coalition avenir Québec (CAQ) trébuche dans Saint-Jérôme, ça pourrait sérieusement miner sa confiance», analyse-t-il. Le parti de François Legault a eu du mal à tirer son épingle du jeu dans les partielles. Exception faite de Richelieu et de Lévis – où le parti a fait élire l’ex-animateur François Paradis –, le vote de la CAQ s’est effrité partout.
«Le parti a des difficultés d’organisation sur le terrain et peine à attirer des candidats-vedette. Comme rien n’indique que la formation peut prendre le pouvoir à court terme, se faire élire avec la CAQ reste synonyme de siéger dans l’opposition», résume Marc André Bodet.
Pour le Parti québécois (PQ), qui remonte tranquillement dans les sondages depuis l’élection de son nouveau chef, les partielles sont une occasion de remobiliser ses électeurs démotivés. «Le jeu de Jean-François Lisée, c’est de créer un engouement pour 2018, estime le politologue. S’il disance réellement ses adversaires dans Saint-Jérôme et Marie-Victorin, le PQ aura une marche sur laquelle s’appuyer pour grimper encore plus haut.»
Bien que les petits partis obtiennent généralement de meilleurs résultats dans les élections partielles, l’expert ne voit pas Québec solidaire (QS) causer de surprise en décembre, même s’il avait fait bonne figure dans Verdun, Marie-Victorin et Saint-Jérôme en 2014, obtenant chaque fois plus ou moins 10 % des votes. «Les cas où le vote des petits partis explose dans une partielle sont rares. En gagnant quelques points, ils peuvent toutefois rendre moins confortables les majorités des grands partis», précise M. Bodet.
Qu’à cela ne tienne, toutes les formations politiques ont un intérêt stratégique à bien faire dans les partielles. «Nous vivons dans une ère de campagne permanente, souligne-t-il. Un parti qui essuie un revers difficile peut perdre le contrôle de son agenda politique. Ça change les questions des journalistes, ça force le chef à se défendre… On peut traîner une mauvaise performance longtemps.»
Neuf départs |
Neuf arrivées |
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Coût des élections
Variation moyenne
Jusqu’à maintenant, le PQ est la formation qui a le plus amélioré ses résultats par rapport à ceux des élections générales (+2,44 %). Alors que les performances du PLQ et de QS se sont légèrement améliorées (+0,02 % et +0,88 %), la CAQ est le seul parti à avoir enregistré une variation moyenne négative de ses appuis (-4,92 %). Tous les calculs de Métro ont été faits à partir des résultats officiels publiés par le DGEQ.
Des hauts et des bas
D’une circonscription à l’autre, chacun des quatre principaux partis a connu de bonnes et de moins bonnes performances.
Meilleure amélioration: +17,24 % dans René-Lévesque
Pire déclin: -13,82 % dans Saint-Henri–Sainte-Anne
Meilleure amélioration: +12,24 % dans Chicoutimi
Pire déclin: -8,33 % dans Lévis
Meilleure amélioration: +6,3 % dans Lévis
Pire déclin: -18,72 % dans Chauveau
Meilleure amélioration: +10,07 % dans Saint-Henri–Sainte-Anne
Pire déclin: -2,63 % dans Richelieu
Taux de participation
Quatre sièges
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*Le professeur Marc André Bodet, de l’Université Laval, co-signe avec Ariane Blais-Lacombe, de l’Université d’Ottawa, une analyse des élections partielles au Québec depuis 1970, à paraître dans la revue Politique et Sociétés.