Issus d’une branche marginale de l’islam qui n’est pas reconnue par la majorité, des jeunes de la communauté musulmane Ahmadiyya veulent contribuer à un rapprochement avec leur communauté d’accueil à la grandeur du Canada. Ils se sentent interpellés par l’incompréhension qui ressort des événements tragiques survenus lors de la fusillade à la Grande mosquée de Québec, aussi bien qu’après les récents actes de vandalisme perpétrés contre des sites de prière à Montréal et Toronto.
Désireux de faire leur part pour démystifier leur religion aux yeux des autres, l’Association des jeunes musulmans Ahmadiyya lance une campagne nationale pour contrer les mauvaises perceptions. Intitulée «Comprendre l’Islam», l’initiative a été mise en branle, dimanche, dans les grandes villes du pays pour s’ouvrir et mieux se faire connaître des Canadiens. En raison des tristes événements du 29 janvier, Québec s’est imposée comme une destination incontournable.
«Même avant l’attentat de la mosquée du chemin Sainte-Foy, qui a coûté la vie à six musulmans, nous avions entrepris une démarche de communication. Après cette date fatidique, il est devenu plus évident qu’il faut faire des efforts de rapprochement. Les gens apprécient voir nos membres combattre les idéologies extrémistes, qui sont contraires aux enseignements de l’islam», explique Raza Shah, porte-parole de la communauté Ahmadiyya à Québec.
À son avis, il persiste beaucoup de malentendus et de préjugés envers l’islam. Cette religion demeure méconnue et il en va de la responsabilité de ses fidèles de la faire connaître. «Le but, dit-il, consiste à amener les gens à s’accepter pour mieux vivre ensemble. En ce sens, les efforts doivent provenir des deux côtés. Il faut encourager le dialogue entre les gens de la communauté d’accueil et les immigrants. C’est la base pour vivre en paix dans une société multiculturelle et pluraliste.»
Imam au sein de l’Association des jeunes musulmans Ahmadiyya, M. Shah se fait un devoir de participer à la campagne pancanadienne «Comprendre l’Islam». Ici à Québec, la démarche se traduit par des discussions impromptues sur la rue et lors de rassemblements populaires, ainsi que par la tenue de rencontres mensuelles planifiées. La prochaine en date se tiendra le 25 mars dans le cadre d’une exposition au Centre communautaire Lucien-Borne à Sainte-Foy.
Branche minoritaire
Interrogé sur la représentativité de sa communauté parmi les grands courants de l’islam, Raza Shah ne se défile pas. Il reconnaît que les musulmans Ahmadiyya sont minoritaires. En fait, ceux-ci sont très marginaux et même persécutés dans certains pays très rigoristes du Moyen-Orient. Leur particularité est de prétendre que le second Messie est descendu sur Terre en la personne de l’imam Mahdi, le fondateur de leur branche de l’islam. Ce qui leur vaut d’être qualifiés d’hérétiques par la majorité musulmane.
Quoi qu’il en soit, la Jama’at musulmane Ahmadiyya se veut un mouvement international de réveil à l’intérieur de l’Islam. Fondé en 1889, le mouvement réformiste compte une dizaine de millions d’adeptes répartis dans 200 pays. Il prône la libération des croyances et pratiques fanatiques, en défendant les véritables enseignements de l’islam.