L’adage veut que nous ayons, apparemment, «les gouvernements que l’on mérite». Façon simple, bien qu’un peu caricaturale, de dire que l’excellence ou la médiocrité politicienne relève avant tout d’un choix, voire de la responsabilité, du citoyen.
Reste néanmoins que l’on peut s’interroger sur les raisons pour lesquelles maintes personnes de valeur refusent, à leur corps défendant, de se lancer dans l’arène politique et de rehausser, par conséquent, le niveau de la discussion politique. Une piste, classique, revient en tête: la pression indue du média sur l’homme ou la femme politique. Plus encore, le traitement bâclé ou insidieux de certaines nouvelles. S’en prendre davantage à l’individu qu’à ce qu’il propose. Éluder les questions de fond pour mousser un inutile spectacle. Un exemple récent a confirmé, de nouveau, cette fâcheuse tendance.
Débarqué à l’Assemblée nationale afin d’appuyer la proposition de Québec solidaire de mettre fin au financement public des écoles privées, Gabriel Nadeau-Dubois se heurte à une embuscade médiatique aux allures surréalistes: «M. Nadeau-Dubois, n’est-il pas vrai que vous avez vous-même fréquenté l’école privée?» a questionné un média.
Confirmant les faits (l’aspirant porte-parole de QS a effectivement fréquenté le collège Regina Assumpta à l’adolescence), GND se voit ensuite aux prises avec une deuxième question de haute importance: «auriez-vous préféré aller à l’école publique?» Réponse: «Honnêtement, j’avais 12 ans à l’époque, je n’étais pas déjà militant politique, je n’avais pas toutes les informations pour prendre une décision à 12 ans».
Manifestement non rassasiés, les journalistes présents reviennent à la charge, jusqu’à ce qu’Amir Khadir vienne secourir la nouvelle coqueluche de son parti: «si ce choix réel existait, il est en train de dire qu’il préférait aller à l’école publique, puisque c’est ce qu’il propose pour l’ensemble du Québec».
Peu après, La Presse Canadienne, relayée par le quotidien La Presse, titre: «École privée: Gabriel Nadeau-Dubois rattrapé par son passé.»
Rattrapé par son passé. Répétons, pour le plaisir: rattrapé par son passé. Piégé et débusqué, ainsi donc, le Nadeau-Dubois. Il aura tenté de nous en passer une vite, mais en vain. Merci à la liberté de presse et au vaillant journaliste ayant optimisé les contours de celle-ci afin de déculotter le petit sacripan. Du beau travail!
Morale de l’histoire? Plutôt que de discuter de la motion de Québec solidaire de vouloir «mettre fin au système d’éducation à deux vitesses» et de «s’assurer que le financement étatique favorise l’équité dans la répartition des ressources, l’égalité des chances des élèves et la qualité du réseau public d’éducation», on en est venu à occulter le fond de l’affaire pour s’activer sur les vraies questions: Pourquoi GND, à l’âge de 12 ans, a-t-il choisi d’aller au privé? Ceci n’est-il pas contradictoire avec ses positions de gauche? Ses parents ont-il trahi son action militante future? Comment ses parents peuvent-ils avoir du fric, si GND est de gauche, au fait? L’apôtre de Bernie Sanders serait-il, plutôt, le produit d’une vulgaire chambre de commerce? Le fils illégitime d’un Dragon?
En bref, toutes sortes de questions existentielles. Les vraies affaires, disait Mario Dumont. Au diable le débat, légitime sinon pertinent, qu’a voulu soulever Québec solidaire. Parlons de l’individu. Fouillons dans ses shorts. On y trouvera bien matière à scandale. L’intérêt du public avant l’intérêt public.
Et après, on se demandera pourquoi des gens de valeur se refuseront de participer à un cirque semblable…
*Note aux médias: selon nos sources, GND aurait aussi, à l’âge de 8 ans, roulé dans le gros VUS de son oncle. Ceci devrait, si la logique se maintient, disqualifier toutes ses positions en matière environnementale.
**Autre note aux médias: toujours selon nos sources, GND se serait déjà acheté, et à plus d’une reprise, du chewing-gum produit par une multinationale exploitant le labeur d’enfants au Bangladesh. Alors pour la crédibilité de ses propositions en matière d’égalité sociale, on repassera….