MONTRÉAL — La «Loto-Trump» aura finalement duré moins longtemps que la présidence de Donald Trump, sur laquelle elle misait pour récolter l’argent des parieurs.
Le gouvernement Couillard a obligé Loto-Québec, jeudi, à mettre fin à ce pari qui avait fait son apparition sur sa plateforme Mise-o-jeu la veille.
La société d’État avait ouvert les paris sur la question suivante: «Donald Trump sera-t-il toujours président des États-Unis après le 1er mai 2018?».
Loto-Québec donnait une cote trois fois et demie supérieure pour son maintien que pour son départ. Ainsi, le parieur qui aurait misé 1,00 $ sur son départ aurait reçu 3,65 $ s’il n’était plus en poste dans un an, alors que celui qui aurait misé sur son maintien en fonction aurait reçu 1,10 $ s’il y était toujours.
La porte-parole du bureau du ministre des Finances, Audrey Cloutier, a confirmé à La Presse canadienne que le gouvernement avait appelé Loto-Québec pour lui demander de mettre fin à ce pari.
Selon les propos de Mme Cloutier, «ils ont compris que le sujet pouvait heurter les sensibilités».
Celle-ci a précisé que les gens qui ont parié seront remboursés.
La veille, un porte-parole de Loto-Québec, Patrice Lavoie, avait pourtant indiqué en entrevue avec La Presse canadienne que la société d’État avait déjà jaugé la question éthique entourant les paris politiques, et ce, à deux niveaux: «Loto-Québec n’offrirait jamais par exemple des paris sur la politique canadienne, la politique municipale ou la politique québécoise, parce que ce serait un peu délicat, puisqu’ici nous sommes partie prenante. (…) Cette porte est fermée à double tour.»
Plus précisément, sur la question présentée aux parieurs, là aussi on croyait être resté dans les limites de l’acceptable: «La question a quand même été tournée de manière positive: on ne suggère pas qu’il ne le sera pas (président)», avait-il fait valoir, ajoutant que les cotes démontraient qu’il avait plus de chances d’être encore président en mai 2018 que de ne plus l’être.
Loto-Québec cherchait à exploiter le filon politique, qu’elle venait à peine de découvrir un an et demi plus tôt en lançant des paris sur la présidentielle américaine.
«Ç’a été notre pari non sportif le plus populaire de tous les temps», avait alors indiqué M. Lavoie.
Depuis, d’autres paris politiques ont été offerts, notamment pour la présidentielle française.
Dans ce cas-ci, la nature de la question de cette «Loto-Trump» témoignait plutôt du caractère imprévisible de la présidence pour le moins atypique de l’homme d’affaires new-yorkais.