OTTAWA — L’ambassadrice de la France au Canada espère que l’Accord de Paris figurera dans le communiqué final du G20 qui se tient actuellement à Hambourg, en Allemagne.
«Pour nous, cet accord est irréversible et irremplaçable», a tranché en entrevue la chef de mission nouvellement arrivée au pays, Kareen Rispal.
Il serait ainsi «idéal» que le texte commun précise que les 20 grandes puissances mondiales s’engagent à suivre la feuille de route contenue dans l’entente climatique, a-t-elle indiqué.
L’ambassadrice Rispal a bon espoir que le tandem que forment le président français Emmanuel Macron et le premier ministre Justin Trudeau pourra efficacement faire la promotion de l’idée.
Les deux dirigeants en ont fait l’un des sujets de la discussion qu’ils ont eue lors de leur rencontre bilatérale en marge du forum international, vendredi.
«Ils ont réitéré leur engagement sans réserve envers la lutte contre les changements climatiques et de la mise en oeuvre de l’Accord de Paris», signale-t-on dans un compte rendu du bureau de Justin Trudeau.
La question des changements climatiques risque de provoquer des tensions entre les dirigeants réunis dans la ville portuaire allemande pour cette rencontre du G20.
Mais selon Kareen Rispal, si le retrait des États-Unis de l’accord signé en décembre 2015 par 195 pays n’est certes «pas une bonne nouvelle», il a tout de même eu pour effet de «dynamiser» une multitude de joueurs préoccupés par l’enjeu.
On l’a constaté «en dépit du retrait de l’accord annoncé par M. Trump», voire «grâce au retrait», car on a vu «une mobilisation sans précédent» en faveur de l’entente, a-t-elle avancé lors d’un entretien dans son bureau de l’ambassade française, promenade Sussex.
Celle qui est devenue il y a moins d’un mois la première femme à occuper le poste d’ambassadeur de la République française auprès du Canada a soutenu que la promotion de l’entente était une priorité pour le mandat qu’elle vient d’entamer.
La diplomate de carrière consacrera également son énergie à vanter l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne (UE), que la France devrait ratifier «rapidement», d’après elle.
«La France a été dès l’origine en faveur de cet accord, parce que le Canada est un partenaire commercial très important pour la France», a-t-elle affirmé.
«C’est un accord qui est novateur, et il y aura évidemment test dans sa mise en application pour l’avenir du libre-échange, puisque le libre-échange suscite des inquiétudes en Europe», a signalé Mme Rispal.
Là encore, sur le commerce, les visions des deux jeunes chefs d’État convergent.
Pendant leur tête-à-tête, Emmanuel Macron et Justin Trudeau ont «réaffirmé l’importance de promouvoir la croissance inclusive et d’accroître le commerce bilatéral, notamment par la ratification rapide» de l’AECG, indique le résumé du bureau du premier ministre canadien.
Similitudes Trudeau-Macron et égalité hommes-femmes
Mais ils partagent aussi un «constat commun sur l’état du monde» et ont «à l’évidence un agenda commun», notamment une «attention particulière aux classes moyennes, qui sont souvent celles qui ont le plus souffert de la mondialisation», a fait valoir l’ambassadrice.
Ils portent aussi tous deux une «attention très forte au vivre-ensemble» et «à la question des femmes», a-t-elle souligné, se réjouissant du bond phénoménal du nombre de femmes élues aux législatives de juin dernier.
«On ne peut que se réjouir de voir une Assemblée nationale où il y a 39 pour cent de députées. Elles étaient auparavant 26 pour cent. Pour la France, c’est une avancée majeure», note l’ex-haute fonctionnaire à l’Égalité femmes-hommes au ministère français des Affaires étrangères.
Et c’est sans compter que, comme l’avait fait Justin Trudeau avant lui, le nouveau président de la République a nommé un cabinet paritaire — un geste qui, espère Kareen Rispal, «fera école» ailleurs dans les grandes démocraties.
«On voit qu’il y a une tendance forte dans les pays du G7 à avoir davantage de femmes au pouvoir, et les femmes, c’est aussi un sujet du G20 de Hambourg. Mais j’ai bon espoir que la parité, ce ne soit plus une question dont on parle dans 10, 20 ans», a-t-elle offert.
Et si, avant elle, la France n’avait jamais eu de femme comme chef de mission diplomatique au Canada, c’est peut-être parce qu’aucune femme n’avait jamais fait la demande de s’installer dans ce pays qui est «dans le top des postes d’ambassadeurs, dans notre hiérarchie».
«Il y avait encore sans doute un petit plafond de verre qu’il fallait briser», a dit celle qui a dans son bureau une photo d’elle avec le président Macron.
On ne l’aurait cependant pas vue installer ses pénates dans la demeure voisine de la résidence du premier ministre canadien, le 24 promenade Sussex, si l’élection présidentielle avait été remportée par la candidate d’extrême droite Marine Le Pen.
«Si elle avait appliqué son programme, c’est-à-dire demander la sortie de la France de l’Europe, c’est quelque chose que je n’aurais pas pu défendre en mon âme et conscience. Donc non, je n’aurais pas accepté», a-t-elle expliqué.