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Cible des critiques, Jean-François Lisée persiste

Paul Chiasson / La Presse Canadienne

Patrice Bergeron, La Presse canadienne

SAINT-EUSTACHE, Qc — Cible des critiques du camp souverainiste et du député François Gendron pour ses déclarations sur les demandeurs d’asile, le chef péquiste Jean-François Lisée persiste et signe.

«Ceux qui veulent entendre de la langue de bois ne sont pas à la bonne adresse, a-t-il déclaré mercredi à l’entrée du caucus de ses députés à Saint-Eustache, qui vise à préparer la rentrée parlementaire. Moi, je dis les choses telles qu’elles sont, je suis authentique, je le pense, je le dis.»

Lundi, le chef péquiste avait exigé qu’Ottawa paie la totalité de la facture pour l’accueil des demandeurs d’asile en qualifiant ceux-ci d’«invités de Justin Trudeau», puisque c’est le premier ministre fédéral qui les avait invités à venir au Canada s’ils étaient persécutés.

Au caucus mercredi matin, le doyen des élus péquistes, le député François Gendron, a dit ne pas avoir apprécié ces propos.

«J’aurais préféré qu’on n’ait pas fait usage de ces mots, mais là on commente, c’est un dossier qui a été mal géré de A à Z», a-t-il dit en point de presse avant d’aller à la séance du caucus.

La veille, Louise Harel, ancienne chef intérimaire du Parti québécois, a exprimé sa «profonde déception» dans son compte Twitter.

Elle a affirmé que M. Lisée se trompe de cible et qu’il faudrait plutôt dénoncer la fausse information de Justin Trudeau, selon elle.

De son côté, le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, soutient que M. Lisée fait ainsi reculer l’idée d’indépendance et salit le projet souverainiste.

«Je la respecte Mme Harel, elle dit qu’on n’aurait pas dû dire cette vérité , mais elle identifie comme moi le problème, c’est l’irresponsabilité du gouvernement libéral», a répliqué M. Lisée, en soulignant que les demandeurs d’asile sont donc des «victimes» des faux espoirs du fédéral.

Quant aux propos de Gabriel Nadeau-Dubois, le chef péquiste les attribue aux ambitions et à l’inimitié de QS à l’égard du PQ.

«Son adversaire, ce n’est pas Justin Trudeau, ce n’est pas François Legault, ce n’est pas Philippe Couillard, c’est le Parti québécois», a-t-il commenté.

M. Lisée a maintenu sa position: c’est Justin Trudeau qui, dans un message sur Twitter, a invité les persécutés du monde entier à venir au Canada, le Québec a le devoir d’accueillir dignement ces demandeurs d’asile qui sont victimes des «faux espoirs» qu’on leur donne sur leurs chances d’être autorisés à rester au pays, mais c’est le fédéral qui doit payer.

«Tous les Québécois se disent: d’où vient cet argent? Et moi je dis: il devrait venir de celui qui les a invités, moi je maintiens ça, absolument, ces questions-là sont de vraies questions, il y en a qui disent qu’on n’a pas le droit de les poser, moi je ne suis pas dans la rectitude politique, tout le monde se pose cette question-là, il faut y répondre.»

Jean-François Lisée a tenu par ailleurs à se dissocier totalement des disciples de La Meute, à l’instar de la Coalition avenir Québec (CAQ). Il refuse que les élus péquistes les rencontrent.

«Ni La Meute, ni le Black Bloc, nous, il n’est pas question de rencontrer ces gens-là, on parle aux Québécois, on a des solutions à leur donner, on parle aux Québécois qui ne sont pas dans ces groupes-là.»

Depuis quelques semaines déjà, le débat fait rage au Québec concernant cet afflux que plusieurs ont qualifié de «crise». Ces demandeurs d’asile d’origine haïtienne avaient été accueillis temporairement par la précédente administration Obama à la suite du tremblement de terre de 2010, mais Washington pourrait bien ne pas renouveler leur statut de protection temporaire.

Les trois chefs de parti ont croisé le fer à de nombreuses reprises sur cet enjeu. Le chef caquiste François Legault avait d’abord affirmé que le Québec était devenu une passoire en appelant les autorités à refouler les «migrants illégaux». Le premier ministre Philippe Couillard l’avait pour sa part accusé d’exploiter le thème des «étrangers.

Jean-François Lisée avait quant à lui demandé aux premiers ministres Couillard et Trudeau de suspendre l’entente sur les tiers pays sûrs conclue avec les États-Unis, tenus pour responsable de ce problème d’afflux hors des postes frontaliers.

En vertu de l’Entente sur les tiers pays sûrs, les réfugiés doivent demander l’asile au premier des deux pays où ils arrivent. Pour plusieurs migrants, il s’agit des États-Unis. S’ils essaient de se rendre ensuite au Canada par un poste frontalier, ils sont refoulés dans le premier pays où ils ont demandé l’asile. Mais s’ils franchissent la frontière de façon irrégulière, il est possible pour eux de demander le statut de réfugié au Canada.

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