National

Louis-Hébert: la CAQ remporte son pari

Coalition Avenir Quebec candidate Genevieve Guilbault celebrates her victory with leader Francois Legault, in a provincial by-election in the riding of Louis-Hebert, Monday, October 2, 2017 in Quebec City. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot

Jocelyne Richer, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le Parti libéral du Québec (PLQ) de Philippe Couillard sort humilié de l’élection complémentaire tenue dans Louis-Hébert, une forteresse réputée imprenable tombée aux mains de la Coalition avenir Québec (CAQ) lundi.

Cette rebuffade risque d’être ressentie comme un coup de fouet pour le gouvernement libéral, à un an de la prochaine élection générale.

La candidate caquiste promue députée lundi soir, Geneviève Guilbault, avait pris les devants dès le début de la soirée avec une avance insurmontable sur ses rivaux.

On a pu constater rapidement que la candidate libérale, Ihssane El Ghernati, qui partait pourtant favorite, n’était même pas dans la course.

C’est tout juste si elle a réussi à coiffer le candidat péquiste Normand Beauregard, bon troisième.

Âgée de 34 ans, la nouvelle députée, une ancienne attachée politique libérale, est enceinte de 27 semaines.

La candidate caquiste a accaparé 51,04 pour cent du vote, après dépouillement de l’ensemble des 152 bureaux de scrutin. Sa majorité dépasse les 7600 votes. Le taux de participation «préliminaire» s’établit à 53,54 pour cent, selon le site du Directeur général des élections du Québec.

Le PQ (16,26 pour cent du vote) et le PLQ (18,71 pour cent) étaient pratiquement à égalité toute la soirée.

Geneviève Guilbault remplacera donc l’ex-ministre Sam Hamad, qui avait démissionné en avril dernier et qui représentait Louis-Hébert depuis 2003, avec de confortables majorités.

De 2014 à 2017, l’appui au PLQ dans cette circonscription a dégringolé de 49 pour cent à 18 pour cent.

La circonscription de la banlieue ouest de Québec, jusqu’à maintenant véritable forteresse libérale située autour de Cap-Rouge, compte quelque 45 540 électeurs.

En 2014, Sam Hamad avait obtenu pratiquement le double du candidat de la Coalition avenir Québec (CSQ) qui avait récolté seulement 26 pour cent d’appui. Le Parti québécois (PQ) suivait avec 18 pour cent et Québec solidaire fermait la marche avec un maigre 5 pour cent, soit la même performance que lundi.

Ces derniers mois, les sondages d’opinion indiquaient une remontée des intentions de vote envers la CAQ, particulièrement dans la région de Québec.

Depuis le début de la campagne électorale, le chef de la CAQ, François Legault, se disait confiant de l’emporter dans Louis-Hébert.

Lundi soir, en célébrant sa victoire, il a affirmé que le gouvernement Couillard était «usé» et que les électeurs lui avaient envoyé un «message clair».

Chaque élection complémentaire coûte environ 600 000 $ aux contribuables.

Pas moins de 10 candidats se faisaient la lutte.

Il est impossible de dire dans quelle mesure le faux départ de ce scrutin complémentaire a pu influencer l’humeur des électeurs.

Rarement a-t-on vu une élection complémentaire connaître un départ aussi rocambolesque. Dès l’annonce de sa candidature, le libéral Éric Tétrault, ex-président de Manufacturiers et exportateurs du Québec, a dû défendre ses liens avec l’ex-entrepreneur en construction condamné pour fraude Lino Zambito, Alfonso Gagliano et l’ancien maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille. Il a aussi eu à se défendre d’être parachuté dans la circonscription.

Le 6 septembre, coup de théâtre, deux des candidats les plus en vue, ceux ayant le plus de chance d’être élus le 2 octobre, le libéral Éric Tétrault et le caquiste Normand Sauvageau sont forcés de démissionner, chacun ayant fait l’objet dans le passé d’allégations de harcèlement psychologique au travail.

M. Tétrault était remplacé au pied levé par Ihssane El Ghernati, une proche collaboratrice de Sam Hamad pendant des années, tandis que la CAQ jetait son dévolu sur Geneviève Guilbault, porte-parole du Bureau du coroner, déjà pressentie pour représenter la CAQ dans un autre comté de la capitale, Charlesbourg, en 2018.

Le PLQ et la CAQ, qui étaient engagés dans une lutte sans merci, proposaient tous deux de s’attaquer au problème de la congestion routière dans le secteur, surtout à la tête des ponts. La candidate caquiste disait vouloir élargir la route 138 pour améliorer la fluidité de la circulation. La candidate libérale a promis entre autres d’améliorer les déplacements dans l’axe des autoroutes Duplessis et Félix-Leclerc, où il y a des développements commerciaux.

Le candidat péquiste a plutôt identifié la santé comme étant un enjeu majeur. Le quart de la population de la circonscription de Louis-Hébert est âgé de plus de 60 ans.

L’usine de peinture Anacolor, qui continue d’indisposer les citoyens avec ses émanations polluantes, a aussi beaucoup fait jaser durant la campagne électorale. Les candidats préconisaient le déménagement de l’entreprise et suggéraient qu’elle s’établisse dans un parc industriel.

La CAQ compte désormais 21 députés à l’Assemblée nationale — dont quatre dans la grande région de Québec —, tandis que le PLQ en compte 68, et s’est imposé dans la majorité des circonscriptions de la capitale.

Articles récents du même sujet

Exit mobile version