Tout se bouscule. Les révélations, les dénonciations, les idées dans ma tête, bref, tout n’est qu’une immense bousculade ces jours-ci. Y a des noms qui sortent fort dans les médias, d’autres qui circulent dans le chuchotement du privé. Aucune idée quand ça va arrêter ni jusqu’où ça va aller. Les temps sont lourds. Et néanmoins libérateurs.
Dans la tornade, il y a des actes de contrition. Habituellement scannés 10 fois par des avocats avant qu’on ne les publie, ces mea-culpa ressemblent davantage à un kit d’excuses préfabriquées qu’à de véritables regrets. Je relisais le deuxième message qu’Éric Salvail a publié deux jours après l’explosion de sa bombe et, c’était plus fort que moi, je demeurais perplexe devant tant d’aveux et de bonnes intentions pour la suite des choses. Pour la suite de ses affaires, bien entendu. Comment ne pas être dubitatif devant les promesses d’amendement de quelqu’un qui semblait ignorer jusque-là que ses comportements, qu’il croyait «drôles et divertissants […], crus ou grivois» (ce sont ses mots), étaient plutôt répugnants, abusifs et incontestablement déplacés?
Entre nous, ça fait peut-être trop longtemps que je me suis replongé dans le petit catéchisme, mais un coup rendu là, présenter des excuses, ça donne quoi? Ça change quoi dans la vie de ceux et celles – victimes directes ou collatérales – qui ont été pris au piège? Ça vaut combien, des remords exprimés par quelqu’un qui n’était pas capable de faire la plus élémentaire part des choses entre ce qui se fait et ce qui ne se fait pas? Désolé, mais les séances d’autoflagellation à grands coups de moppe trempée dans une chaudière de grosse pé-peine, très peu pour moi.
Les seuls regrets que les abuseurs ressentent généralement, ce sont les regrets de ce qu’ils pouvaient se permettre avant et de ce qui leur sera désormais défendu. Pour le reste, bof…
«Je tombe de haut», a écrit Salvail la semaine passée. Ça dépend des perceptions. C’est fou, j’ai plutôt l’impression qu’il avait l’habitude de se tenir dans le bas.
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Vous savez, la chanteuse Tami Neilson dont je vous vante les mérites depuis un an, ben elle est en spectacle demain soir au Club Soda. Après son passage au dernier Festival de jazz l’été passé (maudit qu’y mouillait…), j’ai bien hâte de la revoir «pour de vrai» dans son élément. Semble-t-il que depuis le début de sa présente tournée québécoise, elle casse tout sur son passage. Ben je serai là demain au Soda pour ramasser les morceaux! On s’y voit sans faute.
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Dimanche soir à Radio-Canada, le Gala de l’Adisq sera une fois de plus mené de main de maître par le toujours parfait Louis-José Houde. J’en profite pour saluer chaleureusement les finalistes et autres jubilaires du moment. Je tiens également à saluer ceux et celles qu’on ne saluera justement pas lors de cette soirée, à savoir les disparus de la dernière année. Depuis que le diffuseur a coupé dans la durée dudit gala – fouillez-moi pourquoi on craint tant d’empiéter sur le bulletin d’informations du dimanche soir… –, on a fait sauter le segment où on rendait un ultime hommage aux artistes qui ont consacré leur vie à nous divertir. Voilà qui est triste, injuste et indigne d’une société d’État qui a aussi la responsabilité de garder intact le peu de mémoire qu’il nous reste. Question: entre nous, les amis, ça serait quoi d’allonger le gala de trois grosses minutes pour saluer ces artistes qui ont ouvert tant de portes et creusé tant de sillons?
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Entendu: Bygone de Béatrice Keeler. Un premier album qui annonce un avenir plus que prometteur. Y’en a sur qui la maturité tombe plus vite que d’autres, en voici un cas patent. Si vous avez une chance à prendre cette semaine, je vous recommande sans réserve ce superbe album folk-pop. Je le redis : sans aucune réserve.
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J’ai célébré l’an passé mon demi-siècle d’appui inconditionnel aux Canadiens. Pour le meilleur et pour le pire. Tant qu’à parler du pire, je ne me rappelle pas d’avoir été à ce point consterné devant un aussi piètre assemblage de joueurs. Même les bons sont rendus pourris. Comme si toutes les planètes s’étaient alignées pour montrer leur facette la plus laide. D’après moi, j’ai pas fini d’écouter le football cet hiver…