Pour la première fois depuis des lustres, les affaires autochtones marquent enfin l’imaginaire populaire. Celui du média comme celui, graduellement, du politicien. Plus qu’une bonne chose, une nécessité, puisque, jusqu’à présent, la note canadienne inscrite, année après année, au bulletin de l’ONU était un désastre, voire une honte pour un pays riche, apparemment épris de justice sociale.
Au-delà du discours, du fric saupoudré et de la cassette classique, quid les actions réelles et concrètes en la matière? Ironiquement, en fait, celles-ci s’exercent souvent à l’abri des caméras, projecteurs et autres selfies de politiciens. Aucun calcul électoral, ni bénéfice perso. S’investir, simplement et uniquement, pour une cause. Une bonne.
Par exemple, l’initiative lancée récemment par un groupe d’étudiants* en droit de l’Université de Montréal. Une volonté, porteuse et désintéressée, dessinée à partir de l’observation suivante: le trop peu d’étudiants autochtones à même leur faculté, ceux-ci étant pourtant, par définition, les meilleurs acteurs promotionnels des enjeux juridiques afférents.
Animés de l’esprit (et de la lettre) du rapport de la Commission vérité et réconciliation, le groupe en question, composé de Laurence Prud’homme, Élyes Ammar et Julie d’Auteuil, se sont ainsi donné la mission suivante: faire connaître le droit et ses carrières potentielles auprès des jeunes de la communauté attikamek de la réserve de Manawan, située à environ trois heures de voiture de Montréal.
En partenariat avec Éducaloi, l’atelier offert visant ainsi, simultanément, à démystifier le rôle des intervenants du milieu de la justice, à susciter l’intérêt pour celle-ci et à connaître les particularités autochtones en lien avec certaines professions, notamment celle de traducteur(trice).
Un succès sur toute la ligne: participation étudiante, questions pertinentes et suivi par l’entremise d’une page Facebook créée à cet effet.
La suite? En faire d’autres, ailleurs et partout au Québec. Sur ce qui précède, bien sûr, mais également sur le consentement sexuel, le droit de la jeunesse et autres thèmes connexes.
Mieux encore? Des pressions en faveur de la création d’un programme de sélection propre aux candidatures autochtones, lequel tiendrait alors compte de certaines variables autres que les seuls résultats académiques. Diverses facultés de l’Ouest canadien assureraient déjà, apparemment, un modus operandi semblable.
S’ajoute à ce qui précède l’idée suivante, inspirée d’une pratique existante en médecine: réserver annuellement un nombre de place minimum, à même les facultés de droit, aux étudiants autochtones. Exactement ce que proposait, d’ailleurs, la Commission vérité et réconciliation.
Pas joli, tout ça? Je dirais que oui. Et que ce sont ces initiatives, discrètes et sans calcul, qui font bouger les choses. Dans le bon sens.
*Mes anciens, et j’en suis, manifestement, très fier. Début et fin de la divulgation du conflit d’intérêts.