Vous vous rappelez ce tube du groupe australien Midnight Oil? Une toune à la fois sur les disparités socioéconomiques intercontinentales et sur l’environnement. Et l’image assassine suivante: «How do we sleep while our beds are burning?» La chanson est parue en 1987. Trente ans, donc.
Quelque cinq ans plus tard, 1 700 scientifiques y allaient d’un premier avertissement, par ailleurs sévère: l’humanité se dirigeait tout droit dans un mur. La raison? Notre «gestion de la Terre et de la vie qu’elle recèle». Exemple concret? Réchauffement climatique provoqué, entre autres, par la déforestation et par le recours grandissant aux énergies fossiles.
Message plutôt clair. Pour les personnes qui voulaient bien l’entendre. C’est à dire assez peu de gens.
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Une nouvelle étude-massue, à laquelle participent cette fois-ci plus de 15 000 scientifiques en provenance de 184 pays.
Conclusion, d’après vous? Dans le mille : «Non seulement l’humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d’entre eux se sont considérablement aggravés.» Résultante? Il sera bientôt trop tard pour inverser la tendance actuelle. Sympa.
La cause précise de tout ceci? Le réchauffement climatique provoqué notamment par… la déforestation et le recours aux énergies fossiles. Appelons ça apprendre de ses erreurs.
Toujours selon l’étude en question, «nous avons déclenché un phénomène d’extinction de masse, le sixième en 540 millions d’années environ, au terme duquel de nombreuses formes de vie pourraient disparaître totalement ou en tout cas se trouver au bord de l’extinction d’ici la fin du siècle». La fin du siècle.
Les solutions proposées? Des trucs bien originaux. Jamais entendu parler. Genre se tourner massivement vers les énergies renouvelables. Cesser le financement public des énergies fossiles. Protéger les milieux naturels. Promouvoir le végétarisme. Avouez votre surprise.
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Mais au moins, depuis Justin, nous allons dans la bonne direction. Il en a fait des trucs pour l’environnement. Par exemple un tour de kayak, égoportrait à l’appui, lors de la dernière Journée de la Terre. Pas rien.
Vrai qu’il affirmait simultanément que «le Canada serait bien fou de se passer de ses sables bitumineux». Vrai qu’il encourageait et encourage encore les divers projets de pipelines transnationaux. Idéal, dans les deux cas, pour combattre les énergies fossiles. Cool et progressiste, donc, notre premier ministre. Rien à voir avec Stephen. Oh que non.
Et Québec, là-dedans? On a mis fin au projet d’extraction que le PQ avait en tête pour Anticosti. Déjà ça. Mais autrement? Hum… pourrais pas dire.
Un milliard en fonds publics englouti dans Bombardier? Pas de problème. Six milliards pour une ligne rose? Ben là…
Faut dire aussi qu’on consacre beaucoup de temps, depuis 10 ans, aux vrais problèmes. Genre bannir les 50 burkas et niqabs du Québec de nos étobus, entre autres. Pas rien.
Imaginez un seul instant que nous ayons consacré toute cette belle énergie (fossile?) à… l’avenir de la planète.
Espoir que la nouvelle ministre Melançon change la donne? Pour la connaître, oui. Mais le temps presse.
Parce que pendant qu’on s’obstine sur la couleur des rideaux de la chambre du deuxième, le sous-sol est en flammes. Et ces flammes s’approchent, vertigineusement semble-t-il, de nos lits.