OTTAWA — Près de 450 000 enfants canadiens grandissent dans des familles à très faible revenu ou bénéficiaires d’aide sociale, et la vaste majorité d’entre eux vivent sous le seuil de la pauvreté, rappelle une coalition qui demande au gouvernement fédéral d’en faire davantage pour cette jeunesse.
Le rapport de la coalition antipauvreté «Campagne 2000», publié mardi, constitue l’un des premiers portraits de la pauvreté chez les enfants dont les parents dépendent de l’aide sociale. Ce rapport conclut que des centaines de milliers d’enfants pourraient être arrachés à la pauvreté grâce à des dépenses plus importantes et plus ciblées en matière de garde et de logement social.
Le gouvernement fédéral doit d’ailleurs annoncer mercredi sa Stratégie sur le logement, qui devrait répondre à plusieurs des recommandations formulées par «Campagne 2000»: une allocation au logement versée directement au locataire, une stratégie spécifique pour les Autochtones, ainsi qu’un programme pour construire ou rénover des logements sociaux. Cette Stratégie nationale sur le logement devrait aussi s’aligner sur la stratégie fédérale de lutte contre la pauvreté, qui sera dévoilée l’an prochain.
Mais pour Anita Khanna, coordonnatrice nationale à «Campagne 2000», le gouvernement fédéral, s’il veut lutter contre la pauvreté, devra surtout aider les familles qui consacrent trop d’argent au logement — notamment les familles à faible revenu, les mères monoparentales et les Autochtones.
De récentes données de Statistique Canada révèlent que 1,7 million de ménages avaient en 2016 «un besoin impératif de logement» — ils consacraient plus du tiers de leurs revenus avant impôts à un logement inadéquat, qui avait besoin de réparations, était inabordable ou n’était pas suffisamment grand ou aménagé de façon à convenir à la composition de la famille. Le gouvernement libéral espère réduire ce nombre de 500 000.
Sara Austen, qui a fondé l’organisme Children First Canada, signale qu’en matière de lutte contre la pauvreté, les libéraux ont mis l’accent sur des programmes comme l’Allocation canadienne pour enfants, mais elle estime que les résultats concrets se font attendre. «Il faut créer un sentiment d’urgence plus important afin d’investir dans la vie des enfants de façon ciblée, en se basant sur des preuves.»
Statistique Canada révélait aussi que 1,2 million d’enfants vivaient sous le seuil de la pauvreté au Canada en 2015, comptant pour le quart de la population à faible revenu du pays. Le taux de pauvreté infantile atteignait 17,4 pour cent au Canada, mais il variait ensuite de régions en provinces. À 14,4 pour cent, le Québec affichait le plus bas taux après le Yukon. Au Nouveau-Brunswick, le taux de pauvreté infantile atteignait 20,3 pour cent, en Ontario 17,2 pour cent.
Les libéraux fédéraux espèrent réduire ces chiffres grâce à leur programme d’Allocation pour enfants, fondée sur le revenu. Les résultats concrets de ce programme ne seront toutefois pas connus avant 2019, lorsque les données sur les revenus seront disponibles.
La coalition «Campagne 2000» regroupe notamment Unicef et Oxfam Canada, la Société canadienne de pédiatrie, Moisson Montréal et le Collectif pour un Québec sans pauvreté.