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Trump me fait peur

President Donald Trump holds a proclamation to recognize Jerusalem as the capitol of Israel in the Diplomatic Reception Room of the White House, Wednesday, Dec. 6, 2017, in Washington, as Vice President Mike Pence watches. Trump recognized Jerusalem as Israel's capital despite intense Arab, Muslim and European opposition to a move that would upend decades of U.S. policy and risk potentially violent protests. (AP Photo/Evan Vucci)

Comme ça, d’un simple coup de crayon, Donald Trump vient de raviver une étincelle qui va encore mettre le feu aux poudres dans l’ensemble du Moyen-Orient. Le président américain a signé l’ordre de transférer l’ambassade des États-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. Cette décision est si symbolique, si explosive et si odieuse que ni Bill Clinton, ni George W. Bush, ni Barack Obama n’ont osé la sanctionner, conscients qu’ils étaient des conséquences catastrophiques pour la région et pour toute l’humanité.

Jérusalem est un des épicentres de l’histoire humaine. Depuis la nuit des temps, cette ville centrale, devenue sainte, a vu défiler dans ses rues toutes sortes de tribus, de peuplades, de civilisations, de cultures et de croyances. Elle les a vus se battre et s’entretuer pour elle, elle a vu le sang des hommes couler à flots depuis des temps immémoriaux, des siècles et des siècles durant: Cananéens, Palestiniens, Israélites, Égyptiens, Babyloniens, Perses, Grecs, Romains, Byzantins, Arabes, Ottomans, Britanniques, etc.

Au fil d’une histoire entachée de larmes et de souffrances, Jérusalem est devenue mythique, elle a acquis cette aura mystique qui en a fait un lieu saint pour les trois grandes religions monothéistes. Il y a longtemps que Jérusalem n’est plus une simple ville: elle est bien plus qu’une cité avec ses murs et ses temples, elle n’est pas la capitale d’Israël, elle ne peut pas l’être. Jérusalem est l’héritage de toute l’humanité, un lieu de paix et de tolérance, d’amour et de spiritualité. Si seulement on savait partager!

Donald Trump, donc. Comment peut-on être si irresponsable, si inconscient, si dangereusement étourdi? Quand on s’appelle Donald Trump, la logique rationnelle et la sagesse de la raison sont vaines devant l’ego fantasque et capricieux du roi.

Le déménagement de l’ambassade américaine signifie que les États-Unis seront le seul pays à reconnaître que Jérusalem est la capitale d’Israël. Ceci fermera la dernière porte à toute possibilité de négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens, embrasera la région et amplifiera les sentiments d’injustice et ses corollaires de haine et de division… Mais qu’importe. Pour Trump et son administration, les conséquences sont futiles. L’essentiel consiste à marquer des points politiques à court terme, à détourner l’attention, à faire diversion, à faire oublier l’affaire russe et à se faire passer pour un héros chez une frange de l’électorat évangéliste conservateur américain… Et au diable les conséquences.

Qu’il s’agisse du retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur les changements climatiques et de l’UNESCO, de la mise au ban des musulmans et de la fin du statut spécial pour les Haïtiens, de la déconstruction de l’Obamacare ou des dangereux enfantillages du président sur Twitter concernant la Corée du Nord et l’arme nucléaire, Donald Trump ne cesse de jouer avec le feu tout en étant totalement insouciant quant aux conséquences de ses décisions. Ça me fait très peur.

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