Les Jeux olympiques de Londres sont terminés. Ne vous attendez pas à ce que je vous dresse un bilan sportif aujourd’hui, je n’en ferai pas. À l’heure des médias sociaux, de l’info en direct et des chaînes de télé qui diffusent des images en continu 24 heures sur 24, des bilans, vous en avez déjà reçus quatre pochetées aux cours des dernières semaines. Non, aujourd’hui, j’ai seulement envie de rendre à Richard ce qui appartient à Richard. Richard Garneau, c’est son nom. Un grand, un très grand communicateur de chez-nous. Un Monsieur.
Rares sont ceux qui font l’unanimité dans le milieu des communications. Les quatre doigts de la main de Mickey Mouse suffisent amplement pour faire le décompte. Et Richard Garneau, que dis-je, Monsieur Garneau fait indiscutablement partie de ce groupe restreint.
Richard Garneau se «distingue» dans au moins deux sens du terme. Premièrement, c’est effectivement un homme «distingué», dans le sens où ma mère l’aurait entendu. Et ensuite, il s’est toujours distingué face aux autres qui pratiquent le même métier que lui et il continue de le faire d’une belle manière après toutes ces années.
Dans cet étang où les meilleurs descripteurs et analystes doivent souvent patauger dans la même eau que les plus insipides cheerleaders de la profession, cet homme-là n’a jamais basculé dans l’excès tout en sachant garder une saine distance avec le spectacle qu’il avait à décrire. Et souvent avec un humour savoureux et bien dosé.
Je me souviens encore du soir où, en plein match, il avait statué que «Dave “Tiger” Williams ne figurait sûrement pas sur la courte liste des inventeurs potentiels du bouton à quatre trous». Et que dire de son honnêteté face au spectacle parfois plutôt endormant qu’offrait le Canadien des années 1980. Ça prenait du courage pour faire montre d’autant de transparence; 15 ans plus tôt, son ami Bailly avait perdu son poste pour avoir manifesté exactement les mêmes impressions.
Loin, très loin du club des «dans mon livre à moi», qui a toujours fait partie intégrante du paysage dans le milieu des commentateurs de sports, Richard Garneau a toujours été un modèle de préparation et d’exactitude. Manifestement intéressé par les mandats qu’on lui confiait, on l’a toujours entendu capable d’échanger intelligemment avec les experts-analystes qui travaillaient sur les mêmes compétitions. Sans vouloir non plus faire la démonstration qu’il en savait plus qu’eux… Cela devrait servir de leçons à certains qui décrivent les matchs de hockey encore de nos jours.
Monsieur Richard est maintenant âgé de 82 ans. Hors de question pour moi, aujourd’hui, de le qualifier de «dernier des grands». Pour deux raisons fort simples. Premièrement, parce qu’on ignore ce que l’avenir nous réserve et, oui, j’espère en entendre d’autres qui atteindront ce niveau d’excellence. Et ensuite, je refuse de croire que c’est la dernière fois que nous avons pu bénéficier de ses commentaires.
Plutôt que d’employer le mot «dernier», je préfère plutôt utiliser le mot «premier» pour qualifier le superbe travail de Richard Garneau lors des derniers Jeux. Premier comme dans «premier de classe». Encore une fois. Et quelle classe, en plus de ça mes amis…
Dites Monsieur Garneau, vous serez là dans quatre ans, n’est-ce pas?
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Pendant que nous y sommes, pour une deuxième olympiade consécutive, je tiens à souligner encore fois la qualité du travail d’Annie Pelletier dans l’analyse des compétitions de plongeon. Si l’école des analystes existait quelque part dans le monde, on pourrait se servir de ses interventions pour montrer comment il faut faire. Compétente, pertinente, documentée et utilisant un français impeccable, on doit reconnaître que cette femme-là dispose d’une expertise rare dont tous les commentateurs devraient s’inspirer. En un mot et en cinq lettres : b-r-a-v-o pour tout ce chemin parcouru. Comme quoi, le travail, parfois…
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La grève étudiante – ou ce qu’il en reste – reprenant vie dans quelques foyers de résistance tenaces, il n’en fallait pas plus pour ressortir les théories du grand complot médiatique et de la partisannerie des journalistes affectés à la couverture du conflit. Le problème n’est pas de dénoncer ce fait si on croit qu’il existe. Tout le monde a droit à son avis. Ce qui m’énerve toutefois, c’est bien plus le ton utilisé pour «alarmer les masses» pour reprendre une formule de gauche. Quand on y va à grands coups de «ouvrez-vous les yeux, bande d’aveugles», comme je l’ai entendu au cours de la dernière semaine, je me demande si on a un minimum d’estime pour ce peuple qu’on est supposé tant aimer…