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Toi, pour qui tu vas voter?

Encore une dernière semaine à se faire poser LA question. «Toi, pour qui tu vas voter?» Même si, en principe, on doit garder ça pour soi, ce matin, je voulais en discuter avec vous. Détrompez-vous, je n’ai encore aucune idée de l’endroit où je vais faire mon X! À mon grand désarroi, ça fait des années que c’est comme ça. Que je «prête» mon vote plutôt que d’y aller avec conviction. Après le printemps agité que nous avons vécu, avec cette élection que j’avais tant souhaitée, je m’attendais au moins à y participer avec un minimum d’enthousiasme. Naaaaa. Encore une fois la même question : bon, là, pour qui vais-je voter?

L’honorable Jean C.? Oh que non! Après tout ce que j’ai pu écrire sur – et surtout contre – lui dans cette chronique, usé à la corde par le pouvoir, il est hors de question de lui offrir quoi que ce soit, surtout pas mon vote. Allez, scram, du vent! Et surtout, bonne job d’ambassadeur quelque part dans le monde pour le compte du Parti conservateur fédéral. Ça ne changera pas grand-chose à sa vie, c’est un rôle qu’il remplit admirablement bien depuis déjà 14 ans à la tête du PLQ…

Madame Marois? Pas plus. Son incapacité à se tenir au-dessus de la mêlée quand le ton des débats est tombé dans le fin fond du disgracieux m’a tellement déçu. Quand on a envie de prendre le pouvoir, on ne peut pas adopter une telle attitude de goon. Ses «oui, mais vous monsieur X, la fois que…» qu’elle a martelé ad nauseam lors de ces confrontations nous ont empêché de savoir si elle avait le programme et l’envergure nécessaires – et tellement souhaités – pour occuper la fonction de PM. Si la performance du PQ s’avère en deçà des attentes mardi soir prochain, ça sera un peu beaucoup de sa faute…

François Legault? Cet homme qui plonge dans toutes les eaux pour s’imbiber des idées des autres? Remarquez que ses propres propositions sont souvent risibles. Ex-péquiste maintenant opposé à la souveraineté, admirateur avoué (!) du discours de Françoise David lors du gros débat, prêt à promettre un médecin par famille (et pourquoi pas le contraire, tant qu’à y être…) en moins d’un an, grappillant à gauche et à droite les idées les plus séduisantes pour se bâtir un capital de sympathie. Celui-là est beaucoup trop étourdi pour hériter de la job.

Et les autres? Avec tout le respect que j’éprouve pour ceux qui participent sans aucun espoir de gagner, je ne peux que leur souhaiter d’atteindre des sommets. Ce qui, dans le scénario le plus optimiste, leur permettra de défrayer la manchette pendant à peu près 48 heures, gros max. Oui, Françoise David a été bonne lors du débat. Et Jean-Martin Aussant aura été plutôt solide dans ses entrevues; c’est uniquement là qu’on l’a entendu. De son côté, Luc Harvey, chef du Parti conservateur du Québec, aura été le running-gag incontesté de la course électorale avec son odieuse campagne faite à grands coups de clichés sur le dos des assistés sociaux. Je me demande ce qu’il faut manger pour s’en tenir à un tel degré d’insignifiance…

Mal pris, vous dites? Très. Déçu? Forcément. L’occasion était pourtant si belle de marquer des points. Et personne ne pourra invoquer le manque de temps pour se préparer. Ça fait que, le temps que cette prochaine législature durera, on va encore s’arranger avec ce qu’on aura.

Moi aussi, je suis tanné.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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