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Justin Trudeau s'excuse-t-il trop souvent?

Adrian Wyld / La Presse Canadienne

Janice Dickson, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — La députée conservatrice Marilyn Gladu appuie bien sûr la décision de Justin Trudeau d’offrir les excuses officielles du Canada pour avoir refusé d’accueillir un navire de réfugiés juifs fuyant l’Allemagne nazie en 1939. Mais elle se demande si les Canadiens n’en viendront pas à mettre en doute la sincérité du premier ministre face à l’accumulation d’excuses offertes depuis deux ans.

La députée ontarienne croit qu’à force de s’excuser, le geste perd de son caractère exceptionnel et solennel.

Le Canada semble être devenu «la capitale mondiale des excuses», reconnaît Rhoda Howard-Hassmann, professeure émérite de sciences politiques à l’Université Wilfrid-Laurier, de Waterloo. Si M. Trudeau offre de trop nombreuses excuses officielles, les gens se moqueront de lui, croit-elle. Mais s’il présente les excuses de la nation à un groupe et pas à un autre, certains se sentiront exclus.

En 2010, le maire de Halifax à l’époque, Peter Kelly, avait offert les excuses officielles de la Ville pour la destruction d’«Africville», un quartier complet tombé sous le pic des démolisseurs pendant les années 1960. La professeure Howard-Hassmann signale que les Afro-Canadiens en général n’ont jamais reçu d’excuses officielles.

Dans un discours lors d’une activité de financement pour un programme éducatif juif à Toronto, mardi, M. Trudeau a affirmé que le refus d’accueillir le navire allemand MS Saint-Louis constituait un «chapitre honteux» de l’histoire collective canadienne.

Le Saint-Louis transportait 907 juifs allemands qui cherchaient un refuge pour échapper à la persécution dans leur pays. Le capitaine du navire s’est vu refuser l’entrée à Cuba, aux États-Unis et au Canada. Forcés de retourner en Europe, 254 de ces passagers ont éventuellement été exterminés par les nazis durant l’Holocauste.

«Ces excuses ne pourront pas ramener ceux dont la vie a été volée, ni réparer les vies brisées par cette tragédie, a dit M. Trudeau. Cependant, nous avons la responsabilité commune de reconnaître cette réalité difficile, d’en tirer des leçons, et de continuer à nous dresser contre l’antisémitisme tous les jours. C’est ainsi que nous donnerons un sens au voeu solennel: « Plus jamais ».»

Depuis son élection il y a deux ans et demi, M. Trudeau a déjà présenté les excuses officielles de la nation pour les injustices qu’a fait subir le gouvernement canadien aux membres des communautés LGBTQ, pour l’incident du navire de migrants indiens Komagata Muru en 1914, et pour les ravages des pensionnats fédéraux pour Autochtones à Terre-Neuve-et-Labrador. Il a aussi exonéré six chefs de la Nation des Tsilhqot’in, en Colombie-Britannique, qui avaient été pendus en 1864 et 1865 pour leur implication dans le meurtre de six colons blancs.

La députée Marilyn Gladu estime que ces excuses ne devraient pas devenir un «spectacle» mensuel. «Qu’est-ce qu’il fait, mis à part s’excuser pour des choses qui se sont produites il y a des années?»

La professeure Howard-Hassmann croit toutefois que les excuses sont valables lorsqu’elles sont offertes correctement — comme celles présentées aux Autochtones.

Le député conservateur Deepak Obhrai, quant à lui, se réjouit que le premier ministre offre enfin ses excuses aux juifs — ce qu’il demandait depuis deux ans, dit-il.

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