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Les candidats vedettes

Il y quelques années que je m’interroge là-dessus: exagère-t-on, dans les partis politiques, l’importance des candidatures dites «vedettes»? Et comment celles-ci se définissent-elles, par ailleurs?

Le questionnement a battu son plein, de nouveau, avec l’arrivée de Vincent Marissal chez Québec solidaire. Enfin une vedette (!), semblait nous dire la face de Nadeau-Dubois, manifestement en extase devant l’ex-chroniqueur devenu lobbyiste. La controverse, voire la catastrophe, entourant sa nouvelle recrue a toutefois fini par avoir l’effet d’une douche froide. Et de forcer la remodulation du concept. Ayant maintenant à remplacer Amir Khadir, la formation propose une environnementaliste jusqu’alors étrangère aux caméras. La Presse titre: «QS mise sur une candidate peu connue pour remplacer Khadir dans Mercier.» Une candidate peu connue. Sérieux… Comme s’il s’agissait du seul point d’ancrage évaluant, autant aux yeux du public que des médias, la pertinence d’une nouvelle candidature. Sa maîtrise en environnement? Bah. De longues années de travail et d’expertise en la matière? Re-bah. Nous, on veut du monde CON-NU. Voilà ce qui compte.

Appelé à commenter, voire à justifier l’anonymat dénoncé, GND y va de la réflexion suivante: «Ça m’a fait réfléchir. C’est quoi au fond, une candidature vedette? Est-ce seulement une personne qui passe à la télévision ou quelqu’un qui amène une expertise, une expérience et la met au service du public? Ruba Ghazal tombe dans cette deuxième catégorie.» Bingo. Bravo à Nadeau-Dubois. Parce sans blague, on (je) commence à en avoir franchement marre de la politique-spectacle, des politiciens préfabriqués à la sauce télé-réalité. T’es connu? Good. Mais t’appportes quoi, concrètement, sur la table? Ton expertise, elle est où? Et tes convictions? Vous avez lu, au fait, la chronique-marteau de Lagacé sur son ancien collègue Marissal, intitulée «Bullshit, Vincent»? Patrick démontrait alors que, contrairement à ce qu’avançait dorénavant VM, jamais ce dernier n’avait défendu une quelconque position de gauche au cours de ses nombreuses années comme chroniqueur. Parité hommes-femmes? Lutte contre les réchauffements climatiques? Iniquité salariale? Nada. Plusieurs y ont vu, on peut comprendre, un vil opportunisme. Mais il y a plus: comment justifier l’intérêt de QS pour celui-ci, alors? Réponse? Parce qu’il est… connu. Suffisant, apparemment. Voilà où en est notre démocratie. Famous for being famous.

Dans la même veine: le dragon François Lambert annonçait son intention de devenir, d’ici deux ans, chef de la Coalition avenir Québec. Juste ça. D’entrepreneur sans expérience politique à… chef d’un parti aux portes du pouvoir. Faut pas se prendre pour un 7up flat, mettons. Le pire, honnêtement, est que ce dernier aurait des chances raisonnables de décrocher le job. Pourquoi? Parce qu’il serait, me disent des sources bien informées, une vedette de la télé. Pas rien.

Compte tenu de ce nouveau paradigme, In Libro Veritas a préparé, rêvons un peu, une liste du cabinet ministériel idéal, parité hommes-femmes en prime:

Bienvenue.

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