TORONTO — Alors que des groupes de lutte à la pauvreté dénoncent la décision de mettre fin au projet pilote de revenu de base de l’Ontario, le gouvernement de Doug Ford a défendu sa décision mercredi en soutenant que ce programme dissuadait ses participants de se trouver un emploi.
Bien que le Parti progressiste-conservateur avait promis de maintenir ce projet pilote en place, il a finalement fait part de son intention de le démanteler graduellement mardi.
Au lendemain de cette annonce, la ministre des Services sociaux et communautaires, Lisa MacLeod, a expliqué que le gouvernement a fait cette volte-face après avoir été informé par des fonctionnaires que le programme n’aidait pas les gens à devenir «des contributeurs indépendants à l’économie».
«C’est réellement un frein à ramener les gens sur la bonne voie», a commenté la ministre mercredi.
«Lorsque vous encouragez les gens à recevoir de l’argent sans aucune condition, cela n’envoie pas du tout selon moi le message que notre ministère et notre gouvernement veut envoyer. On veut ramener les gens sur la bonne voie et qu’ils soient des membres productifs de la société là où ils le peuvent», a poursuivi Mme MacLeod.
Toutefois, d’après une source impliquée dans le projet pilote, le programme n’aura pas duré assez longtemps pour permettre de colliger les données nécessaires à l’évaluation de sa réussite.
Le gouvernement de Doug Ford a annoncé mardi qu’il mettait progressivement fin au projet pilote, en plus de réduire de moitié la hausse prévue des prestations d’aide sociale. L’augmentation attendue de trois pour cent sera donc limitée à 1,5 pour cent. Il s’agit de la première étape d’un plan de réforme du système d’aide sociale de la province.
Le projet pilote de revenu de base, créé l’an dernier, devait s’étirer sur trois ans. Il fournissait un soutien à quelque 4000 citoyens à faible revenu dans des communautés comme Hamilton, Brantford, Thunder Bay et Lindsay.
En vertu de celui-ci, les personnes seules pouvaient recevoir jusqu’à 16 989$ par année, et les couples, jusqu’à 24 027$. On retranchait ensuite de cette somme 50 pour cent de leur revenu gagné.
Selon des données dévoilées par le précédent gouvernement, deux participants sur trois occupaient un emploi.
La nouvelle de l’abolition du programme a ébranlé les organismes de lutte à la pauvreté et les participants qui comptaient sur cette entrée d’argent. Certains ont révélé qu’ils allaient difficilement pouvoir compenser cette perte, alors que leur budget comptait sur ces fonds.
Jody Dean, une résidante de Hamilton qui participe au projet pilote, raconte que, grâce à stabilité financière que lui a procuré le revenu de base, elle a pu retourner aux études à temps partiel. Elle affirme que cette allocation lui a aussi permis de s’offrir un accès au stationnement de l’hôpital où l’un de ses trois enfants reçoit des traitements.
«Je savais que l’argent allait entrer tous les mois», dit-elle en soulignant avoir pu se débarrasser une bonne dose de stress.
La famille de Jody Dean doit désormais recommencer à vivre au jour le jour, déplore la dame qui n’aura plus les moyens de poursuivre ses études la session prochaine.
La mère de famille qualifie de «ridicules» les commentaires de la ministre Lisa MacLeod, affirmant que tous les gens qu’elle connaît qui ont bénéficié du programme ont pu améliorer leur qualité de vie.
«Je connais plusieurs femmes qui ont un emploi à faible revenu qui marchent jusqu’au travail parce qu’elles n’ont pas les moyens de s’offrir l’autobus. Est-ce qu’elles ont quitté leur emploi à cause du revenu de base? Jamais!», s’indigne Mme Dean.