Une étude menée depuis 2014 à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) pourrait permettre de faire des avancées majeures dans la prévention du diabète de type 2. Pour effectuer ses tests, l’équipe en charge de l’étude utilise une méthode inattendue: un déjeuner riche en gras.
Il a été découvert en 2013 que le diabète de type 2, le plus fréquent, peut être engendré par l’ingestion de différents gras alimentaires. Lorsque emmagasinés dans des organes comme le foie et le pancréas, plutôt que dans les tissus adipeux, ces gras peuvent accélérer la contraction de la maladie.
«Quand ces particules sont élevées dans le sang, ça peut induire la dysfonction de tissus comme les muscles», avance la chercheuse à la tête de l’étude, May Faraj. C’est à ce moment-là que le cholestérol est redirigé dans le sang et vers d’autres organes, affirme-t-elle.
«Si le gras est augmenté dans le sang, on ne peut pas utiliser le sucre [comme source d’énergie]», ajoute la détentrice d’un doctorat en nutrition.
Agent dissolvant
L’équipe de recherche de Mme Faraj s’est attaquée au problème en testant l’efficacité des acides gras oméga-3 dans la métabolisation du cholestérol mal emmagasiné. Les oméga-3 se retrouvent entre autres dans le poisson.
Pour ce faire, l’équipe du laboratoire fournit à ses patients un déjeuner riche en gras au début du processus de tests. Croissant, bacon, fromage, brownies et café sont au menu.
«Dans ce délicieux repas, il y a un nombre variable de calories, qui vont permettre ensuite de suivre le métabolisme du gras, lance le doctorant et membre de l’équipe de recherche, Simon Bissonnette. On peut suivre ce métabolisme parce qu’il y a un gras, à l’intérieur du croissant, dans une huile qu’on ajoute, le carbone-13.»
Cette huile, complètement inoffensive, servira par la suite de mouchard en laboratoire, afin d’observer le mouvement des gras alimentaires dans le corps.
Pendant 12 semaines après la prise du premier déjeuner, les patients prennent des doses quotidiennes d’oméga-3. Un deuxième déjeuner est offert à la fin de la période pour observer la réaction du metabolisme.
«L’étude implique beaucoup de tests, explique la Dre Faraj. On peut observer directement l’effet de l’oméga-3 sur ce facteur de risque.»
Résultats préliminaires
L’équipe voit l’oméga-3 comme une solution très envisageable, quatre ans après l’amorce du processus de recherche.
«On a des résultats vraiment positifs, dit Mme Faraj. On sait déjà que l’oméga-3 peut directement inhiber les mécanismes qui induisent la dysfonction du système. Ce n’est pas juste dans les cultures, on peut aussi le voir dans le sang.»
L’un des objectifs principaux de l’étude est de cibler le type de personne le plus à risque de développer le diabète, précise la chercheuse.
Pour clore l’étude, le groupe de recherche, espère ajouter une vingtaine de participants de 45 à 74 ans. Ils espèrent que l’offre de deux déjeuners pourra convaincre les gens de se laisser tenter par l’étude clinique.
«Quand on effectue une étude avec des gens, on a un nombre de participants cible qui nous permet d’atteindre une qualité statistique, observe M. Bissonnette. Sans ça, nos statistiques sont souvent moins fiables ou insuffisante.»