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Couillard attaque le cadre financier de la CAQ

Paul Chiasson / La Presse Canadienne

Julien Arsenault, Vicky Fragasso-Marquis et Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

TROIS-RIVIÈRES, Qc — Le ton a montré d’un cran entre le chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard, et le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), dimanche, sur la question des finances publiques.

Le chef libéral a accusé son adversaire d’avoir présenté un cadre financier reposant sur des «hypothèses», alors que le chef caquiste a rétorqué que le PLQ «ressemblait de plus en plus à Québec solidaire».

Lors d’une annonce à Trois-Rivières dimanche, le leader libéral a qualifié de «brouillon» et de «rapide» l’exercice présenté la veille par la CAQ. M. Couillard a chiffré à environ 4 milliards $ les économies «non précisées» du parti dirigé par François Legault.

«Quand il y a des engagements qui disparaissent littéralement du cadre financier, qui sont sous-estimés massivement, ont est au-delà des hypothèses, on est dans l’erreur», a déclaré M. Couillard.

Le chef libéral a du même coup annoncé que sa formation politique dévoilera son cadre financier avant le débat des chefs prévu jeudi. Elle le fera mercredi, selon les informations de La Presse canadienne.

En point de presse à Lac-Mégantic quelques minutes plus tard, François Legault a lui-même évoqué les critiques de son opposant et a contre-attaqué en faisant un rapprochement entre les libéraux et Québec solidaire, placé à l’extrême gauche de l’échiquier politique.

«De plus en plus, on voit que le Parti libéral n’est plus le parti de l’économie, a soutenu M. Legault. On voit que ceux qui dépensent le plus, c’est Québec solidaire, mais le deuxième, c’est le Parti libéral, et ça, ce n’est pas dans l’habitude des libéraux.»

Un manque de détails

Dans sa longue liste de critiques, le chef libéral Philippe Couillard a estimé que le cadre financier ne fournissait pas assez de détails concernant certaines promesses caquistes, comme le déploiement de l’internet en région, le soutien aux enseignants ainsi que le financement compensatoire pour l’encadrement des tarifs des stationnements des établissements de santé.

M. Couillard a notamment accusé la CAQ d’être trop optimiste dans ses prévisions de croissance économique.

De plus, il a estimé qu’il était ambitieux de demander une hausse de sept pour cent des dividendes des sociétés d’État sans diminuer les services ou hausser les tarifs étant donné que celles-ci avaient déjà fait «beaucoup d’efforts dans les dernières années».

«Quand les piliers sont fragiles, bien, tout s’écroule, a lancé M. Couillard. Il y a toujours des éléments d’hypothèses dans un cadre financier, mais cela ne peut pas être la base.»

Selon le leader libéral, il est contradictoire que le cadre financier caquiste soit bâti sur la relance économique alors que ce parti a proposé la mesure la plus «antiéconomique» des dernières années, soit la diminution du nombre de nouveaux arrivants dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre.

Le cadre financier de la CAQ prévoit des budgets équilibrés avec une croissance des dépenses de 3,5 pour cent en éducation et de 4,1 pour cent en santé, mais ne tient pas compte des montants que le parti souhaite aller chercher dans la révision de la rémunération des médecins spécialistes.

Une goutte dans l’océan

Interrogé sur le fond de la question, François Legault a assuré qu’il était réaliste, par exemple, d’espérer aller chercher au moins 300 millions $ en réévaluant les programmes gouvernementaux.

«Il y a un budget au Québec de 110 milliards, donc de dire qu’on va abolir pour 300 millions de programmes, là, c’est une goutte dans l’océan», a-t-il fait valoir.

M. Legault a refusé de préciser quels programmes pourraient passer au tordeur pour l’instant, mais il a laissé entendre que certains crédits d’impôt seraient dans la mire d’un gouvernement caquiste.

«On sait au total que c’est le Québec qui dépense le plus pour les crédits d’impôt en recherche et développement, à peu près deux fois plus qu’en Ontario et ça ne donne pas de bons résultats», a-t-il indiqué.

Cadre du PQ «mercredi ou jeudi»

Le Parti québécois (PQ) a par ailleurs lui aussi pris l’engagement, dimanche soir, de déposer son cadre financier avant la tenue du premier débat des chefs sur les ondes de Radio-Canada le jeudi 13 septembre.

Ce sera «mercredi, sinon jeudi matin», a indiqué un attaché de presse.

En début de journée, le chef péquiste Jean-François Lisée a suggéré que son parti pourrait se révéler le moins dépensier de tous. «J’ai l’impression que c’est parti pour ça», a-t-il dit en conférence de presse à Québec.

Le PQ devrait donc être le dernier parti à dévoiler son cadre financier.

Mais le chef Lisée a expliqué qu’il préférait voir celui «du gouvernement sortant, qui a accès à des informations fines que nous n’avons pas».

Il en a profité pour décocher une flèche à l’endroit de celui déposé la veille par le parti de François Legault. «On constate que la CAQ n’avait pas besoin de ces informations, parce que c’est broche à foin. Nous, c’est pas broche à foin», a-t-il lâché.

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