MONTRÉAL — Jean-François Lisée estime que le Parti québécois (PQ) a «gagné la campagne» et ne croit pas avoir personnellement commis d’erreur, même si le parti a encaissé l’une des pires défaites de son histoire aux dernières élections québécoises.
«Moi, j’assume complètement les choix que j’ai faits», a déclaré M. Lisée, samedi, dans le cadre de la Conférence des présidents du Parti québécois, à Montréal, qui visait à réfléchir sur le bilan du parti aux élections du 1er octobre dernier.
«On peut toujours faire mieux», a finalement concédé le chef démissionnaire.
Le PQ n’a obtenu que 17 pour cent des suffrages et n’a fait élire que 10 députés. Jean-François Lisée a lui-même perdu sa circonscription de Rosemont aux mains de Québec solidaire.
Près de sept semaines après la défaite cuisante de son parti, M. Lisée faisait part de sa réflexion, samedi, dans le cadre de cet événement, qui réunissait également des députés du PQ et des candidats défaits aux élections.
Mais devant les journalistes avant l’événement, M. Lisée ne pensait pas avoir commis d’erreur, par exemple, en confrontant la co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Manon Massé, lors du troisième débat des chefs.
Selon lui, en soulevant des questions sur la gouvernance de QS, le PQ «a évité le pire».
«C’était nécessaire, parce que si rien n’était fait, ça aurait été pire», a-t-il martelé.
Cette stratégie avait attiré des critiques au chef pendant la campagne. M. Lisée avait même laissé entendre que la vice-chef, Véronique Hivon, n’était pas d’accord.
Le chef intérimaire, Pascal Bérubé, ne partageait pas l’analyse de son prédécesseur. Interrogé en anglais si le Parti québécois (PQ) avait fait une bonne campagne à la lumière de cette défaite, il a répondu: «Évidemment, non».
M. Bérubé a insisté pour dire que le PQ allait travailler à «ouvrir les portes» pour accueillir plus d’électeurs sous sa tente et «ouvrir les fenêtres aux courants nouveaux qui traversent notre société».
Il a toutefois prévenu que les militants voulant faire partie de la «maison politique du PQ» devraient être des indépendantistes convaincus.
«Le Parti québécois a été créé pour réaliser l’indépendance du Québec», a-t-il affirmé.
«On est indépendantistes, pour le reste, tout le monde est le bienvenu.»
Une bonne campagne, mais…
Marc Laviolette, un militant de longue date du PQ, croit quant à lui que M. Lisée a mené généralement une bonne campagne, mais selon lui, attaquer Québec solidaire était une erreur.
«En fin de campagne, parler de constituante, les électeurs ne savent pas c’est quoi la constituante. La même chose avec le Politburo et qui qui décide…», a-t-il analysé.
Or, cela n’a pas fait une différence dans le résultat, selon lui. Il croit que le PQ n’a pas su se poser comme la solution alternative aux libéraux.
«Les électeurs, ils sont allés à ce qu’il y avait le plus urgent pour eux, c’était de se débarrasser pour les libéraux», a-t-il conclu.
Réflexions d’anciens députés
Certains membres du PQ ont fait part de leurs réflexions sur le passé et avenir du PQ.
Le candidat défait et ancien député Jean-Martin Aussant a notamment suggéré en entrevue avec le «Journal de Québec» d’effectuer une refondation complète du parti, et de lui donner un nouveau nom.
Dans une lettre ouverte publiée jeudi dernier dans «Le Devoir», les députés défaits Alain Therrien et Nicolas Marceau ont jugé qu’il avait été erroné de reléguer la souveraineté au second plan.
«L’indépendance a toujours été le ciment de la coalition péquiste. En faisant de l’indépendance un objectif parmi d’autres et en remettant sa réalisation à plus tard, ce ciment qui nous lie s’est mis à craquer, et notre coalition à éclater», ont-ils écrit.