L’Union des municipalités du Québec (UMQ) a lancé mercredi un cri du cœur pour la reconnaissance des droits linguistiques des francophones au Canada.
«Nous dénonçons haut et fort les décisions et positions politiques qui briment ces droits. Ces gestes sont inacceptables dans un pays officiellement bilingue et reconnu à travers le monde pour sa dualité linguistique», écrivent les maires dans une lettre ouverte parue en début de matinée.
Cette déclaration commune, signée par six maires et mairesses des villes du Québec – dont la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et le maire de Québec, Régis Labeaume –, survient peu après que le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, ait choisi d’abolir le poste de commissaire aux services en français de la province. Le chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario a aussi annoncé vouloir mettre fin au projet d’université francophone. Ces décisions ont suscité une onde de choc partout au Canada.
Joint par Métro, le cabinet de la mairesse Valérie Plante s’est fait catégorique. «Dans ces temps où il faut affirmer haut et fort l’importance du français partout au pays», la mairesse tenait «à ajouter sa voix à celle de d’autres maires du Québec», a expliqué une porte-parole.
«En tant que mairesse de la métropole francophone en Amérique du Nord, elle [Valérie Plante] trouvait primordial de s’inscrire dans ce mouvement.» -Le cabinet de la mairesse de Montréal
Au Nouveau-Brunswick
Le groupe condamne du même coup l’élection, au Nouveau-Brunswick, de députés prônant «ouvertement» le recul des droits linguistiques des Acadiens. «Les francophones de partout à travers le pays sont solidaires des Franco-ontariens, des Acadiens et de toutes les communautés francophones afin qu’elles puissent préserver leur langue et développer leurs institutions», lit-on plus loin dans ladite lettre.
Ensemble, les élus affirment qu’ils poursuivront leurs revendications pour faire entendre et faire respecter ces droits essentiels et nécessaires à leurs yeux.
En plus de Mme Plante et de M. Labeaume, le maire de la Rivière des Français et président de l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO), Claude Bouffard, cosigne la lettre.
Le président de l’UMQ et maire de Drummondville, Alexandre Cusson, le maire de Petit-Rocher et président de l’Association des municipalités francophones du Nouveau-Brunswick (AMFNB), Luc Desjardins, le maire de Gatineau et président du Caucus des grandes villes de l’UMQ, Maxime Pedneaud-Jobin ainsi que le directeur général de l’AFMO, René Beaulne, participent aussi à l’effort de mobilisation.
«Fier de cette forte déclaration municipale en faveur de la protection des droits des francophones partout au Canada», a écrit ce matin Alexandre Cusson sur sa page Facebook. Sur Twitter, l’UMQ invite les «élues et élus municipaux de partout au pays» à manifester leur appui à la lettre.
Au début de la semaine, le premier ministre canadien Justin Trudeau s’est dit « profondément déçu » des récentes décisions du gouvernement Ford en matière de droits linguistiques.
La ministre fédérale responsable des langues officielles, Mélanie Joly, a aussi été mandatée pour rencontrer le gouvernement Ford «pour mieux comprendre la décision». Dans une lettre envoyée à la ministre ontarienne déléguée aux affaires francophones et procureure générale, Caroline Mulroney, Mélanie Joly réitère «[sa] grande déception face aux décisions du gouvernement de l’Ontario».
«Mon inquiétude est d’autant plus grande qu’au cours des 20 dernières années, l’Ontario a joué un rôle de leader pour la promotion de la francophonie au Canada, notamment au sein de la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne», écrit Mme Joly.