Je voulais t’écrire une lettre juste avant le grand éparpillement des vacances des Fêtes. J’espère que tout va bien de ton côté. Moi, ça va, mais je suis déçu. Pas anéanti, juste un peu déçu. Si on vivait dans un monde idéal, 2018 n’aurait pas été le 2018 auquel on a eu droit, si tu vois ce que je veux dire.
C’est peut-être juste pour changer le mal de place, mais j’ai décidé de revenir vivre en ville bientôt. Pas mêlant, je m’ennuie de voir du monde. Puis je suis un peu tanné d’avoir à prendre le char pour aller au dépanneur. En fait, je suis un peu tanné du char tout court. Ça tombe bien, qu’est-ce que tu veux faire de toute façon en auto à Montréal avec toutes les entraves? Le prochain qui vient me parler de planification des chantiers et de l’escouade de la mobilité, je lui visse un cône orange sur la tête! Ça pue l’improvisation à plein nez, cette affaire-là. J’ai plus que jamais l’impression que ce sont les entrepreneurs qui fixent l’échéancier des travaux à Montréal, tellement on a droit à du grand n’importe quoi.
Si au moins notre système de transport collectif était plus efficace. Tant qu’on ne rendra pas le transport en commun davantage accessible hors des heures de pointe, oublie ça, il n’y aura pas de nouveaux adeptes de la chose. Comme ils le disent dans le film avec Kevin Costner: «Build it and they will come…» (NDLR Construisez-le et ils finiront bien par l’utiliser…).
Sinon en politique, pas grand-chose de neuf, c’est pas mal toujours pareil. Prends Justin Trudeau, par exemple. Celui-là reconfirme sans cesse la perception que j’ai de lui. Ça a beau remonter à plusieurs mois, chaque fois que je me rappelle sa virée en Inde, je me sens mal. Non, mais quel grotesque guignol. Après ça, on se demandera pourquoi le Canada n’a jamais été aussi peu pris au sérieux sur l’échiquier mondial. Eux aussi, ils les ont vues, les photos du concours de costumes! Y doivent tellement rire de nous autres… Quand je pense qu’il va fort probablement conserver le pouvoir aux prochaines élections, faute d’opposition digne de ce nom, j’ai envie de brailler comme un arrosoir.
Au Québec aussi, il se passe des drôles de choses. Tu sais que c’est maintenant la CAQ qui est au pouvoir? On va lui donner une juste chance, mais ça ne m’empêche pas de me questionner sur le choix de François Legault qui a nommé une ministre de l’Environnement qui semble déjà nettement à côté de ses pompes. Il aurait voulu nous faire savoir plus clairement qu’il se sacre de ce dossier qu’il n’aurait pas pu faire mieux.
De l’autre bord de la Chambre, les libéraux soignent leurs nombreuses fractures et les péquistes ont besoin de consulter des livres d’histoire pour se rappeler ce qu’ils ont été jadis. Et Québec solidaire dans tout ça? Disons que ses deux gros coups depuis la reprise des travaux auront été de s’autoproclamer «opposition officielle» et d’afficher ses couleurs par le biais de la tenue vestimentaire de quelques députés. Ça m’a rappelé nos débrayages au temps du secondaire, quand on réclamait le droit de porter des jeans et des espadrilles. Tu te souviens, ça arrivait toujours le vendredi après-midi, quand il faisait trop beau pour rester en dedans…
Sinon, pas grand-chose d’autre à signaler. Le président fou du pays d’en bas est de plus en plus fou, notre hiver en est à son troisième essai et le Canadien gagne plus souvent qu’il perd. On n’en demande pas plus pour retrouver nos repères.
Faut que je te laisse, je n’ai pas encore commencé mes emplettes. Oui, je sais, je suis incorrigible. Rendu à mon âge, j’ai comme perdu l’espoir de changer.
Grosses bises à toi et aux tiens. On vous aime gros, même si on ne vous le dit pas assez souvent. XXX