WASHINGTON — Prenant prétexte de la nouvelle politique de Washington visant à renvoyer au Mexique les migrants se présentant à sa frontière méridionale, le secrétaire général d’Amnistie internationale Canada, Alex Neve, exhorte le gouvernement canadien à suspendre l’Entente sur les pays tiers sûrs conclue avec les États-Unis.
Depuis mardi, les autorités américaines mettent en vigueur leur nouvelle stratégie nommée «Protocoles de protection des migrants» consistant à renvoyer au Mexique les demandeurs d’asile en attendant de statuer sur leur sort.
Selon M. Neve, membre d’une délégation d’Amnistie internationale visant à faire le point sur la situation à la frontière des États-Unis et du Mexique, cette mesure contredit les principes sur lesquels s’établit la politique canadienne sur l’immigration.
«Le Canada maintient cette fiction absurde voulant que les États-Unis soient un pays sûr et respectent les droits de ceux qui demandent l’asile», a déploré M. Neve au cours d’une conférence de presse, à El Paso, au Texas.
Depuis deux ans, le Canada accueille un nombre croissant de migrants «irréguliers» en provenance des États-Unis depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui a aboli le «statut de protection» dont jouissaient des dizaines de milliers de personnes vivant dans ce pays.
En vertu de l’Entente américano-canadienne sur les pays tiers sûrs, les migrants qui présentent une demande d’asile à un poste frontalier canadien sont renvoyés aux États-Unis au motif qu’ils peuvent revendiquer le statut de réfugié dans ce pays. Pour éviter ce sort, des dizaines de milliers de personnes ont bravé les forêts et les champs afin de pouvoir demander l’asile au Canada. Depuis le début de 2017, environ 35 000 personnes ont revendiqué le statut de réfugié auprès de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada.
M. Neve fait valoir que la nouvelle politique américaine démontre clairement que l’administration Trump n’éprouve que du dédain pour les droits des migrants. Il a réitéré sa demande que le Canada abroge l’Entente sur les pays tiers sûrs.
«On présume ici que le Mexique est un lieu sûr, ce qu’il n’est vraiment pas», a-t-il dit.
Les États-Unis ont indiqué que les migrants qui risquent d’être persécutés dans leur pays d’origine ne seront pas renvoyés, mais on ignore les critères sur lesquels se fonderont les décisions.
«En aucune façon les États-Unis ne respectent leurs obligations nationales ou internationales par rapport à la protection et la défense des droits des réfugiés et des migrants», a soutenu M. Neve.