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Toi, ton rouge à lèvres et Hubert Lenoir 

Portrait of young person posing in studio

Tu n’en as aucune idée, mais tu m’as fait du bien ce jour-là. Tu m’as fait sourire. J’étais allée magasiner et, aussi cheesy que ça puisse paraître, aucun de mes achats ne m’a rendue plus joyeuse que de te voir à travers la vitrine d’un grand magasin de cosmétiques. Tu es un ado de 16 ou 17 ans et on pourrait penser qu’un garçon de ton âge n’entrerait dans ce genre de boutique que pour accompagner sa sœur ou ses amies… mais non, tu étais là pour toi. Tu te faisais maquiller par une employée sympathique, tu souriais et ta mère qui t’accompagnait te regardait avec plein d’amour. Vous aviez du fun. C’est tout.

En continuant mon chemin avec mes sacs, j’ai pensé à toi. Je me suis dit qu’évidemment, être un ado de 16 ans qui se maquille «comme une fille», ça ne doit pas toujours être facile à assumer. Mais toi tu le fais. En tout cas ce jour-là tu l’as fait. Tu as fait ce qui te tentait peu importe ce que les gens allaient penser, et je t’ai trouvé pas mal inspirant.

J’ai eu de l’espoir en la génération qui me suit: la tienne. Je ne sais pas si c’est l’âge qui me fait ça et si j’en perds des bouts – une madame de presque 30 ans des fois ça commence à radoter… – mais il m’a semblé que ce que tu représentais était nouveau, que je n’avais pas vraiment vu ça autour de moi quand j’avais ton âge. Il me semble que dans mon temps, les gars et les filles pensaient que la vie c’était un clip de Ja Rule et Ashanti et qu’il fallait leur ressembler pour être valide. (Tu n’as sûrement aucune idée de qui sont Ja Rule et Ashanti, mais sois sans crainte, ça ne manque pas tant à ta culture.)

Ce que je veux te dire, c’est que le genre et l’orientation sexuelle n’étaient pas fluides pour les ados de mon époque comme ils ont l’air de l’être pour ta génération. C’est peut-être parce que nos parents sont ceux qui écrivent à Hubert Lenoir de se rentrer la tour Eiffel dans la gorge et de s’étouffer avec dans les commentaires Facebook de TVA Nouvelles quand ils annoncent son ambition de faire carrière là-bas. En tout cas.

Toi, ta mère t’accompagne quand tu vas te faire maquiller en plein centre d’achats un samedi après-midi et je trouve ça cool en maudit. Il n’y a pourtant qu’un peu plus d’une dizaine d’années qui nous sépare, mais j’ai l’impression que les choses ont changé pour les ados d’aujourd’hui, car tu n’es pas le premier que je vois qui me fait cet effet. C’est tant mieux.

J’espère vraiment que je ne me trompe pas. J’espère vraiment qu’il y a de plus en plus d’ouverture d’esprit autour des jeunes et qu’ils sont de plus en plus nombreux à décider d’être ce qu’ils ont envie d’être et d’aimer qui ils ont envie d’aimer en se foutant du reste. Bref, j’avais envie de te dire merci et j’avais envie de te dire que ton make up était parfait ce jour-là. J’espère que tu l’as montré fièrement à tous ceux que tu as croisés, particulièrement à ces gens qui écrivent des commentaires insignifiants à Hubert Lenoir sur TVA Nouvelles.

T’es parfait comme tu es.

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