Les maisons d’hébergement pour les femmes victimes de violence sont à bout de souffle et de moyens. Elles réclament 50M$ de plus par année pour pouvoir remplir leur mission adéquatement.
«Quand une femme décide d’appeler, c’est parce qu’elle est dans une situation critique, a relaté la directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF), Manon Monastesse. Notre mission est de pouvoir répondre immédiatement quand une femme fait une demande.»
Actuellement, le budget total annuel accordé par le ministère de la Santé et des Services sociaux pour les 109 maisons d’hébergement au Québec s’élève à 77M$. Cette enveloppe budgétaire n’est pas suffisante, d’après Mme Monastesse, «considérant que ce sont des services 24/7, 365 jours et considérant les besoins de plus en plus complexes et le développement nécessaires des services».
Manon Monastesse se dit prête à amorcer les discussions avec Québec. «On arrive avec des solutions très concrètes», a mentionné celle qui doit rencontrer éventuellement la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann.
L’attaché de presse de Mme McCann, Alexandre Lahaie, a souligné que la ministre est «très sensible» aux «nombreux besoins» des maisons d’hébergement. «On doit les rencontrer prochainement et on va le faire avec beaucoup d’ouverture. On veut comprendre leurs besoins et travailler avec eux sur le terrain», a-t-il ajouté.
La directrice de la FMHF a expliqué que le financement supplémentaire pourra servir entre autres à développer des postes en sensibilisation, à travailler en concertation avec d’autres partenaires, mais aussi à répondre adéquatement aux réalités des femmes issues de l’immigration, qui sont de plus en plus nombreuses.
«Ça peut être aussi de fournir de l’accompagnement, traduire des documents, s’assurer que le milieu de vie respecte les croyances culturelles, s’assurer d’avoir des jouets qui reflètent la diversité, faire appel à des interprètes. On doit adapter les services et ça peut être coûteux», a-t-elle énuméré.
Plan B, plan C
Dans les 36 maisons de la FMHF, le taux d’occupation moyen se situe à 96%. Elles n’ont pas les ressources pour répondre au nombre de demandes. «On fonctionne à pleine capacité», a décrit Mme Monastesse.
Toujours en augmentation, près de 10 000 femmes se sont vu refuser une place après un appel. Certaines se retrouveront à la rue, après s’être assurées de placer leurs enfants en sécurité chez des proches. D’autres choisiront malheureusement de retourner auprès de leur conjoint violent.
«Si on avait les ressources nécessaires, elles n’auraient pas à faire ça», s’est désolée Mme Monastesse.
Hors de question toutefois pour la FMHF de laisser femmes et enfants en plan. C’est pourquoi les intervenantes essaient de trouver des solutions, comme les héberger quelques jours pour dépanner ou essayer de trouver une autre maison dans une autre région.
«On est toujours en train de chercher des plans B et C, et c’est pas ça qu’on devrait faire. On devrait plutôt être capable d’intervenir directement. Ce sont des personnes en situation de danger», a martelé la directrice.