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PQ, c’est pas toi, c’est moi

Judith Lussier

Cette semaine, la députée Catherine Fournier en est venue à la conclusion que le Parti québécois avait «perdu de sa pertinence», qu’il avait «cessé de se renouveler», qu’il n’était «pas adapté à son époque», qu’il était devenu «un perdant» et que, «même s’il changeait, il serait trop tard». C’est le genre de discours qu’on tient à la fin d’une relation où la passion a disparu. On dit: «C’est pas toi, c’est moi», alors qu’au fond, ce qu’on pense, c’est que l’autre s’est vraiment laissé aller dans les dernières années. 

C’est un dur constat. Un constat lucide, diront certains. Un constat qu’on pouvait faire il y a longtemps déjà. Et comme ça vient de la plus jeune députée de l’Assemblée nationale, députée qui a écrit un livre de plus de 200 pages sur l’importance de rallier les jeunes à la politique, ce constat vient avec l’idée que le PQ est déconnecté des jeunes, même si Catherine Fournier n’a pas employé exactement ces termes.

La dernière fois que le Parti québécois a réussi à soulever la jeunesse, Pauline Marois se joignait aux manifestations du printemps 2012, donnant l’impression d’un appui indéfectible au mouvement étudiant. Élu de justesse, en partie porté par ce mouvement, le Parti québécois a annulé la hausse des frais de scolarité tout en rejetant l’idée de la gratuité scolaire, trahissant une partie de cet électorat nouveau, qu’il avait séduit en tapant de la casserole.

Le cœur des jeunes est pris par un nouveau prétendant qui fait rêver, qui assume ses idées les plus folles et qui comprend qu’on vit de grandes anxiétés face à l’environnement.

Or, le printemps étudiant a constitué un moment d’éveil politique pour une grande partie de la génération des millénariaux. Ce qui est venu tout de suite après cet épisode, c’est celui de la Charte des valeurs, qu’un jeune comme Léo Bureau-Blouin avait visiblement du mal à endosser. Sans dire que la proposition d’encadrer les pratiques religieuses répugnait complètement à la jeunesse – près d’un jeune sur deux appuyait la charte –, force est de reconnaître que cet enjeu ne les ralliait pas autant que les baby-boomers et que les débordements racistes qui y ont été associés avaient quelque chose de repoussant pour une génération ayant grandi dans la diversité.

Mais c’est à la dernière élection que le Parti québécois a définitivement perdu toute chance de séduire la jeunesse, en voulant plaire à tous sans proposer de projet de société.

Qui trop embrasse mal étreint, comme ne disent pas les jeunes. Quand Jean-François Lisée a voulu être cool auprès des jeunes, il a ri de la moustache de Manon Massé à La soirée est (encore) jeune, ce qui n’est pas très woke, comme disent les jeunes.

Maintenant, comme dit Catherine, c’est trop tard! Le cœur des jeunes est pris par un nouveau prétendant qui fait rêver, qui assume ses idées les plus folles et qui comprend qu’on vit de grandes anxiétés face à l’environnement. Même l’ambition annoncée de tout larguer sauf la souveraineté au prochain congrès du PQ sonne comme l’engagement d’un amant qui promet de changer alors que l’amour n’est plus.

La dernière fois que le Parti québécois a réellement été en phase avec la jeunesse, son chef était un jeune homosexuel un peu bad boy dont les priorités étaient l’éducation, la souveraineté et l’environnement. J’avais un poster d’André Boisclair dessiné par un artiste dans ma chambre. Bon, j’ai passé l’âge, direz-vous, mais le jour où je serai à nouveau tentée de mettre un poster de péquiste dans ma chambre est loin d’être arrivé.

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