National

Les anti-racistes radicaux

Frédéric Bérard

Le dépôt attendu du rapport afférent à l’enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées allait, dans tous les cas, susciter les discussions.

Il était même loisible de prévoir que nos fomenteurs de haine habituels rejetteraient ses conclusions, ipso facto, probablement même sans l’avoir lu. Pourtant, les agissements du Canada à l’égard des Autochtones, en particulier des femmes, sont absolument odieux, preuves à l’appui. Sur quelles bases réfuter celles-ci? Quel problème à admettre le fléau et à œuvrer afin de l’enrayer?

En fait, cette réaction de nos réactionnaires est symptomatique d’une posture dorénavant bien établie : nier tout ce qui pourrait entacher, même partiellement, la réputation d’une quelconque majorité. Tu fais partie d’une minorité? Alors satisfais-toi de ta situation, dis merci, et pour le reste, ferme ta gueule. Parce que Mon’onc Reynald, bien confo dans son fauteuil, n’a pas de leçon de recevoir de toi. Et maints chroniqueurs de l’Empire le lui rappelleront, heure après heure.

Pour ce faire, par contre, fallait user de ruse. Parce que la seule manière de nier la réalité est, indubitablement, de réécrire le lexique propre au débat public. Inverser les rôles, en quelque sorte. Un peu comme dans le film Le party, de Falardeau, où les détenus constituent les héros de l’histoire. C’est ainsi que nos haut-parleurs de l’identitaire ont fait entrer dans le vocabulaire médiatique (et conséquemment politique) certains thèmes, concepts ou expressions visant à se poser en pures victimes? Et les agresseurs? Les minorités ou leurs sbires.

La seule manière de nier la réalité est, indubitablement, de réécrire le lexique propre au débat public. Inverser les rôles, en quelque sorte. Un peu comme dans le film Le party, de Falardeau.

Combien de fois, pour seuls exemples, ai-je entendu mon contradicteur dans un débat tenter de m’évincer de celui-ci en me qualifiant, vomi dans la bouche, de «multiculturaliste». On sait ben, toué Bérard, blablabla. En un sens comique, parce qu’à chaque fois qu’on leur demande de décrire ce même multiculturalisme, ils en sont d’ordinaire incapables. Le terme a été galvaudé à l’os, il ne sert maintenant qu’à caricaturer son adversaire, le comparant dès lors à Darth Vader ou autre dévoreur d’orphelins. Classique sophisme de l’homme de paille. Le plus ironique? Je ne me considère pas comme étant multiculturaliste, justement. Simple humble défenseur des libertés civiles. Si j’avais, cela dit, à choisir entre être «multiculturaliste» et «mono» ou «uniculturaliste», j’aurais une petite préférence pour le premier… Un autre petit bijou ayant fait son entrée dans Le Petit Québécor illustré: le concept «d’anti-racistes radicaux», lesquels doivent bien sûr être combattus. De toute beauté. Repensez-y deux secondes… C’est quoi, le truc, au fait? Faudrait être anti-raciste, mais pas trop, c’est ça? Hilala.

Un autre? OK : le «racisme anti-blanc». Hein? Et ça existe où et comment, ça, en termes sociologiques? Réponse : nulle part. Tout comme le concept inventé récemment de «majorité francophone historique.» Bo Derek, comme dirait RBO.

Tout ça, on l’a compris, afin d’adopter une posture faussement victimaire. Manifestement avec succès. Pratique, quand même. À l’aide des médias de masse, on retourne ainsi les canons de bord, et on s’assoit dans le confortable siège de l’assiégé. C’est pas de notre faute, mais de la leur! Parlant de ça : Joseph Facal écrivait récemment, avec la subtilité et la nuance d’un 2×4 clouté, que les musulmans étaient violents et cherchaient à imposer leur foi. Eh ben. Le docteur en sociologie est-il sans savoir que les principales victimes de l’État islamique sont justement… les musulmans?

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