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Le Canada blâmé par l’ONU pour les conditions de logement «abominables» des Autochtones

La Rapporteuse spéciale de l’ONU sur le logement convenable, Leilani Farha, en conférence il y a environ deux ans.

Les conditions de logement des peuples autochtones sont «abominables» au Canada et dans plusieurs autres pays du monde, conclut l’ONU dans un rapport. Une situation qui contribuerait à une précarité importante au sein des Premières Nations, dont les femmes sont souvent victimes de violences sexuelles.

La rapporteuse spéciale de l’ONU, Leilani Farha, a présenté le document devant l’Assemblée générale des Nations Unies vendredi. Le document conclut que les Autochtones sont «plus susceptibles d’être mal logés et d’avoir des problèmes de santé qui découlent de cette situation».

«Le pourcentage des sans-abri parmi eux est disproportionnellement élevé et ils sont extrêmement vulnérables aux expulsions forcées, à l’accaparement de terres et aux effets des changements climatiques. Lorsqu’ils défendent leurs droits, ils sont souvent la cible de violences extrêmes», indique le rapport.

Violation des droits des Autochtones

En plus du Canada, l’Australie, la Tanzanie et la Nouvelle-Zélande sont aussi visés par l’ONU. Celle-ci soutient que le manque d’accès «convenable» à un logis – autant en milieu urbain que dans les réserves – cause préjudice aux droits des peuples autochtones.

Ceux-ci «se heurtent à d’importants obstacles dans l’exercice de leur droit au logement par rapport aux peuples non autochtones», observe l’institution.

Leilani Farha, ne mâche pas ses mots. Pareille violation prive les Premières Nations de «leur droit de vivre dans la sécurité et la dignité» à l’heure actuelle.

Elle condamne que la pénurie actuelle de logements dans le nord du Canada force des communautés à dormir en alternance. «Quinze personnes vivent dans une maison de la taille d’une caravane. Alors, bien sûr, elles doivent dormir à tour de rôle quand il n’y a pas beaucoup de place», a-t-elle expliqué.

Des chiffres accablants

Si l’accès au logement demeure difficile, le maigre soutien financier accordé aux peuples autochtones préoccupe aussi l’ONU. D’après des données avancées dans le rapport, plus de 10 000 logements des réserves canadiennes «sont dépourvus de plomberie intérieure».

Le quart des réserves doivent aussi composer avec un système d’approvisionnement ou d’assainissement en eau jugé «insuffisant».

«Alors qu’il y a au Canada plus d’eau douce que dans les autres pays du monde, 75% des réserves ont de l’eau contaminée. Et des communautés comme celle d’Attawapiskat déclarent l’état d’urgence en raison des concentrations de produits chimiques toxiques relevées dans l’eau.» -Extrait du rapport

C’est à Winnipeg, au Manitoba, que la situation serait la plus alarmante. Plus des deux tiers des itinérants de la ville seraient autochtones, alors que ceux-ci ne représentent que 11% de la population.

Pour s’attaquer rapidement au problème, Mme Farha somme aussi les gouvernements de créer un processus d’examen pour «modifier ou abroger l’ensemble des lois, des politiques et des programmes relatifs au logement qui ont des effets discriminatoires».

Fin septembre, le rapport Viens concluait que les autochtones du Québec subissent diverses formes de discrimination systémique. Le premier ministre François Legault s’était peu après excusé pour les préjudices causés par des lois, politiques et services publics qui n’étaient pas adaptés à leur réalité.

Ottawa promet d’agir

L’attaché de presse au ministère des Services aux Autochtones, Kevin Deagle, a indiqué à Métro qu’Ottawa «travaille avec des partenaires des Premières nations, des Inuits et des Métis sur des stratégies de logement qui tiennent compte de leurs différences uniques».

«Nous examinons actuellement le rapport du rapporteur spécial des Nations unies. Nous convenons que les conditions de logement dans les communautés autochtones sont inacceptables», a-t-il indiqué.

Depuis 2015, près de 2 G$ ont été investis dans des mesures pour «améliorer le logement» des peuples autochtones selon lui, dont la rénovation de plus de 16 000 maisons.

«Nous savons qu’il reste encore beaucoup à faire et nous sommes résolus à combler le déficit», a illustré M. Deagle.

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