Uber n’a pas fini de grandir. Après l’arrivée de la livraison de nourriture et des vélos JUMP, le géant californien veut maintenant conquérir le transport de marchandises au Québec. La division Freight d’Uber a été lancée mercredi, avec pour objectif «d’améliorer l’efficacité de l’organisation» du camionnage.
«On se rend compte que ce secteur-là ne s’est pas vraiment modernisé dans les dernières années, explique à Métro le chargé de la communication d’affaires chez Uber, Xavier Van Chau. En ce moment, force est d’admettre qu’il y a peu de technologies disponibles.»
Si l’industrie du camionnage représente un marché de 68 G$, dit Uber, elle fait aussi face à un problème croissant de pénurie de main d’œuvre. Près de 35 000 postes seraient à combler en quatre ans seulement, selon des chiffres de l’Alliance canadienne du camionnage (ACC) datant de 2018.
«Les défis sont grands, fait remarquer M. Van Chau. À peu près 20% de toute la conduite sur la route est effectuée dans un camion vide, sans marchandises. Ça a un gros impact environnemental; on estime que ces kilomètres vides représentent 1,5% des GES émis aux États-Unis et au Canada.»
Uber estime pouvoir réduire ce nombre en offrant la possibilité aux camionneurs – et à leurs clients – de mieux négocier leurs contrats à l’aide d’un éventail plus large de toutes les possibilités par secteur.
«Avec un réseau d’usagers complet, une connexion avec le marché, c’est possible d’optimiser l’utilisation d’un camion. Il y a un potentiel de gain énorme pour les entreprises ou les particuliers qui veulent réduire leurs coûts et maximiser leurs profits.» -Xavier Van Chau, chargé de la communication d’affaires chez Uber
Peu d’impact pour les transporteurs?
Appelé à réagir, le président de l’Association du camionnage du Québec (ACQ), Marc Cadieux, estime que le nouveau service d’Uber aura des impacts minimes pour les grands transporteurs, du moins pour le moment.
«Ça va probablement s’adresser à des plus petits joueurs, des indépendants qui cherchent de l’ouvrage. Je ne suis pas certain que les flottes qu’on représente seront concernées. Ils ont déjà des ententes entre transporteurs. Si un retour se fait à vide, ils s’arrangent souvent entre eux pour prendre la marchandise de l’autre.» -Marc Cadieux, PDG de l’ACQ
Cela dit, le projet est «encore trop jeune» pour en prédire les effets à long terme, avoue M. Cadieux.
«On restera à l’écoute du message de nos membres et on sera en attente de voir comment l’industrie va réagir. Peut-être qu’éventuellement, ça tissera une toile à travers notre réseau», ajoute-t-il.
Partout au Canada d’ici peu
Le nouveau service d’Uber ne sera actif qu’au Québec et en Ontario dans un premier temps, mais il permettra aussi aux camionneurs de prendre des contrats de transport dans le Midwest et le Nord-Est américain.
L’entreprise ne cache pas ses intentions de prendre de l’expansion dans tout le marché canadien d’ici quelques années à peine.
«Notre intention, c’est d’être très bientôt dans tout le Canada, avoue Xavier Van Chau. On veut aussi étendre nos opérations en Europe, où on est déjà en Allemagne, aux Pays-Bas et en Pologne.»
Des escomptes sur l’essence ou la réparation de leurs voitures seront aussi offerts aux camionneurs lors de leur inscription sur l’application, promet Uber. Les entreprises, elles, pourront être en mesure de voir leurs camions rouler «en temps réel».
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