Le surplus budgétaire du gouvernement Legault fond à vue d’œil, déplore un expert de l’Institut économique de Montréal (IEDM). De 5,6 G$ en 2018, il en serait maintenant à moins de 2,5 G$. L’organisme somme la CAQ «de retourner aux contribuables» les sommes prélevées «en trop» depuis son élection, l’an dernier.
«Soit Québec réduit la dette, soit il baisse les impôts, explique à Métro le chercheur à l’IDEM et professeur en économie au King’s University College, Vincent Geloso. La deuxième option offre des bénéfices à long terme plus importants. Ça peut permettre aux gens d’investir dans leur avenir, d’augmenter leurs épargnes, et même de créer des emplois.»
L’expert de l’IEDM dit s’attendre à ce que le gouvernement Legault «dilapide très rapidement l’équilibre budgétaire».
«Le surplus va continuer de descendre jusqu’à ce qu’il y ait un soubresaut négatif dans l’économie comme une récession. Cela n’est pas impossible dans les trois prochaines années.» -Vincent Geloso, chercheur à l’IEDM
M. Geloso déplore que la province demeure l’un des endroits «les plus taxés en Amérique du Nord et au Canada» à l’heure actuelle.
Appelée à réagir, l’attachée de presse au ministère des Finances, Fanny Beaudry-Campeau, refuse de se prononcer «pour l’instant». «Nous donnerons un portrait complet de la situation lors de la mise à jour économique», tranche-t-elle. Le ministre Éric Girard doit présenter cette mise à jour ce jeudi, à l’Assemblée nationale.
Le milieu de l’éducation aussi préoccupé
Joint par Métro, le président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Sylvain Malette, déplore que la CAQ «cible actuellement des clientèles électorales».
«La question de la taxation scolaire, par exemple, ne donne pas plus d’argent aux commissions scolaires pour composer avec des clientèles défavorisées, mais ça fait plaisir aux électeurs. C’est une promesse qui rapporte», dit-il.
S’il reconnaît que certains programmes annoncés par la CAQ, dont les maternelles 4 ans et la compensation pour les chauffeurs de taxi, ont coûté cher, Vincent Geloso abonde toutefois dans le même sens.
«Jusqu’ici, selon moi, la grande partie des dépenses du gouvernement Legault ont pour but de satisfaire des clientèles politiques», analyse-t-il.
Un danger «d’illusion fiscale»
Quand un État possède un surplus, un danger d’illusion fiscale le guette, précise M. Geloso.
«En gros, pour les politiciens, dépenser à gauche et à droite offre des avantages politiques beaucoup plus importants que de conserver l’équilibre budgétaire», illustre-t-il.
En réalité, juge le spécialiste, il n’y a presqu’aucun bénéfice électoral à couper dans les dépenses, comme l’a fait le gouvernement Couillard. Celui-ci a d’ailleurs «payé les frais» de son propre parti qui, sous Jean Charest, avait aussi dépensé allègrement, selon M. Geloso.
«Il y a un danger politique qui peut nous ramener dans le cercle vicieux qu’est celui de dépenser énormément, pour ensuite remettre le fardeau fiscal au prochain gouvernement, observe-t-il. Le gouvernement actuel se livre déjà à du saupoudrage de dépenses à gauche et à droite.»