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Aide au loyer: des PME «dans l’incertitude», sans réponse de leur propriétaire

PME

Un local commercial vacant sur la rue Saint-Denis.

Alors que le paiement du loyer est dû ce vendredi, environ quatre PME québécoises sur dix ignorent toujours si leur propriétaire d’immeuble participera au programme d’Aide d’urgence au loyer (AUCLC) offert par le gouvernement fédéral. La situation causerait beaucoup d’inquiétudes et d’incertitudes, alors que les pertes continuent de s’accumuler pour plusieurs entreprises.

«Ça cause un stress assez majeur. La réalité du manque de liquidités est encore bien présente, et elle le sera tant que les commerces ne seront pas rouverts. Sans aucun revenu, c’est bien difficile pour une PME de rencontrer ses obligations financières», explique à Métro le vice-président Québec de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), François Vincent.

La FCEI dénonce que plusieurs propriétaires refusent de demander l’AUCLC pour éviter la baisse des loyers de 25%. Selon un sondage interne, 40% des PME sont admissibles au programme mais ne peuvent procéder, car elles ignorent si leur propriétaire participera au programme. Environ 9% savent déjà que leur propriétaire refusera. Seulement un entrepreneur sur dix est absolument certain que son propriétaire acceptera de demander l’aide.

«Oui, c’est complexe à mettre en pratique. Mais en même temps, il y a beaucoup d’entreprises qui ne pourront jamais éponger les pertes liées à cette pandémie. On invite les locataires et les propriétaires à se parler et à trouver des ententes conjointes.» -François Vincent, de la FCEI

Il somme au passage le gouvernement Legault de mettre sur pied un plan d’urgence pour soutenir le manque de liquidités des PME. «La Saskatchewan, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse l’ont déjà fait», illustre le VP.

Critères à revoir pour les PME

À l’Association des Sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM), le président Billy Walsh abonde relativement dans le même sens.

«L’intention du programme fédéral est louable, mais les critères sont vraiment à revoir.» -Billy Walsh, de l’ASDCM

Son organisme réclame que la contribution fédérale au logement soit «directement versée» aux commerçants. Cela permettrait d’atténuer le stress financier des PME, selon lui.

À l’heure actuelle, les PME doivent démontrer une baisse des revenus d’au moins 70% pour toucher l’aide d’urgence. Une situation absurde, aux yeux de l’ASDCM. «On pense que ça devrait être revu à la baisse pour que plus de commerçants soient admissibles. Un seuil de 55% serait pour nous beaucoup plus juste», soulève Billy Walsh. La FCEI estime que 36% des PME québécoises ne sont pas admissibles à la subvention «parce qu’elles ne répondent pas au critère d’une perte de revenus de 70%».

Des écoles de langue aussi affectées

L’association Langues Canada, qui représente plus de 216 programmes d’éducation linguistique au pays, dénonce elle aussi que «trop de propriétaires» de ses immeubles refusent de s’inscrire au programme d’aide d’urgence. Plusieurs écoles de langue seraient affectées par ce blocage.

«Soit le propriétaire estime qu’il n’a pas assez d’information pour prendre une décision rapide. Soit il rejette l’idée catégoriquement et remet le problème entre les mains du locataire. Cette situation doit changer rapidement.» -Gonzalo Peralta, directeur général de Langues Canada

Ce dernier invite d’ailleurs Ottawa à «imiter l’Australie», qui a déjà rendu obligatoire la participation des propriétaires à son programme d’aide au loyer. «Il faut trouver une solution et ça presse», illustre-t-il. «Est-ce que les propriétaires sont vraiment les mieux placés pour prendre une décision aussi déterminante pour des milliers de PME ? Plusieurs entreprises ont eu des pertes de revenus de 100%», conclut M. Peralta.

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