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La pandémie a rayé de la carte environ 10% de l’emploi du Québec

Plateau-Mont-Royal

L'avenue Mont-Royal piétonisée

Le Québec a perdu environ 450 000 emplois en raison des conséquences de la pandémie entre mars et juin 2020 par rapport à la période correspondante de 2019. C’est une baisse d’environ 10% du volume total de l’emploi (moyenne de mars à juin 2019 à 4 327 500). Ces résultats, publiés aujourd’hui dans le bulletin Marché du travail et rémunération de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), sont tirés de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada.

On s’en doute, les industries les plus touchées sont l’hébergement et la restauration (environ 100 000 emplois de moins pour ces dernières), le commerce (- 75 000) ainsi que la fabrication (- 50 000), tous des secteurs qui ont été mis «sur pause» par Québec à la fin de mars.

«On voit l’importance que la COVID-19 et le confinement ont eu sur l’économie, dit François Vincent, v.-p., Québec, de Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI). Même après la réouverture, les affaires demeurent difficiles. Et les pertes d’emplois [annoncées aujourd’hui] correspondent à ce que nos sondages nous disent.»

Sur la période mentionnée, un peu plus de 365 000 emplois ont été perdus dans le grand secteur des services (transport et entreposage, services aux entreprises, information, culture et loisirs, administrations publiques, etc.) comme le montre le graphique.

La Fédération mène des sondage aux deux semaines afin «de prendre le pouls des entrepreneurs». Et M. Vincent qualifie la situation de «préoccupante». D’après leurs recherches, 72 % des PME de la province ont rouvert leurs portes et seulement 47% d’entre elles ont le même nombre d’employés ou en ont embauché davantage qu’avant la pandémie.

Fait inquiétant, seules 34% des entreprises sondées ont retrouvé des revenus à des niveaux équivalant à ceux d’avant l’arrêt ordonné par le gouvernement. «C’est encore très difficile pour des propriétaires de PME du Québec», résume M. Vincent qui cite deux données qui laissent présager que la route vers la reprise sera longue et cahoteuse.

«Quelque 49% des propriétaires de PME affirment qu’il leur faudra six mois avant de retrouver leurs revenus d’avant la pandémie. Et 28% pensent qu’il leur faudra un an. C’est encore très difficile», répète M. Vincent, un peu découragé.

C’est pourquoi la FCEI aimerait que les gouvernements prolongent l’aide aussi longtemps que cela sera nécessaire, «le temps que nous soyons tirés d’affaire».

La FCEI aimerait aussi que les consommateurs s’engagent dans la relance. «Individuellement, on peut faire une différence collective», rappelle le vice-président, ajoutant que le consommateur, par ses choix et ses achats, a un impact important, qu’il a un rôle à jouer dans la reprise des affaires. D’où l’initiative #JeChoisisPME, un site où la communauté peut contribuer à la relance.

Une seule industrie dans le vert

Du côté des gagnants de l’emploi, un seul secteur se distingue: celui de la finance, assurances, services immobiliers et de location. La croissance est faible, à 1,4 %, mais dans ce contexte difficile, la hausse mérite d’être soulignée.

Les grands perdants de cette baisse généralisée ont été les femmes et, plus particulièrement, les jeunes.

Des taux de chômage en hausse

Les femmes ont été plus nombreuses (238 100) que les hommes (209 100) à avoir perdu leur gagne-pain durant la période de quatre mois terminée en juin 2020. Cette différence s’explique surtout par le fait que celles-ci sont plus nombreuses dans les services de l’hébergement et de la restauration, mentionne Luc Cloutier-Villeneuve, analyste en statistiques du travail à l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Du côté des hommes, les pertes sont surtout attribuables au secteur de la fabrication.

Tous sexes confondus et en données désaisonnalisées, le taux de chômage est ainsi passé de 5% (2019) à 12,4% (2020) pour mars, avril, mai et juin, selon l’ISQ d’après les chiffres de Statistique Canada.

Quant aux 15-24 ans, ils ont été proportionnellement plus touchés que d’autres groupes d’âge, avec une baisse de près de 25%. Du nombre, 132 300 travailleurs de ce groupe ont perdu leur emploi, poussant le chômage à 26,5% pour ces quatre mois. Cela se compare à 7,8% en 2019.

Michael Bertrand-Paul, un résident de Montréal-Nord, a échappé à l’hécatombe. Le jeune homme de 21 ans a été chanceux. Non seulement a-t-il conservé son emploi mais il a eu des semaines fort bien remplies pendant les mois où le Québec perdait environ 450 000 de ses travailleurs. «J’ai fait 35-40 heures par semaine, dit-il en entrevue à Métro. Mais il y avait plus de travail et moins de monde pour le faire, car certains étaient partis en maladie. C’était très stressant, davantage qu’à l’habitude.»

Faut dire qu’à titre d’agent administratif dans un CIUSS de la métropole depuis un an, il faisait partie du personnel des services essentiels. Son travail est de trouver du personnel pour les CHSLD pour les 24 à 48 prochaines heures, soit le service à très court terme.«C’est un peu compliqué de subvenir aux besoins des CHLSD en ce moment», avoue-t-il. D’où son stress au travail…

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