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Minorités visibles: plus d’études, mais moins d’emplois

Photo: istock / jacoblund

La proportion de Québécois âgés de 15 à 64 ans issus de minorités visibles qui a fait des études universitaires est beaucoup plus élevée qu’au sein du reste de la population. Alors qu’environ 24% des Québécois non issus de minorités visibles ont effectué des études supérieures, ce taux atteint en effet environ 35% chez les minorités visibles, révèle le Portrait des personnes issues de minorités visibles sur le marché du travail au Québec en 2021 de l’Institut de la statistique du Québec.

Pourtant, le même rapport indique que «le taux d’emploi des personnes issues de minorités visibles se situe à environ 68%, comparativement à environ 74,9% dans le reste de la population». Ce n’est que dans le groupe d’âge des 55 à 64 ans que le taux d’emploi des personnes issues des minorités visibles dépasse celui des personnes non issues de minorités visibles, atteignant 62%, contre 60%.

Le taux de chômage est d’ailleurs considérablement plus élevé chez les minorités visibles que dans le reste de la population pour tous les groupes d’âge. Les revenus d’emploi sont aussi plus faibles pour les personnes issues de minorités visibles de tout âge. Par rapport au reste de la population, les personnes issues de minorités visibles gagnent généralement près de 20% moins que les personnes issues du reste de la population, et ce, pour tous les groupes d’âge.

La majorité des personnes issues des minorités visibles sont immigrantes. C’est notamment cette double appartenance démographique qui expliquerait en partie cet écart d’accès à l’emploi, selon le rapport. «Les minorités visibles nées à l’étranger ont plus de difficultés à s’intégrer à la population active que les minorités visibles nées au Canada et que les personnes n’appartenant pas à une minorité visible», note d’ailleurs une étude sur la surqualification des salariés d’origine immigrée résidant sur l’île de Montréal en 2006.

«Le manque d’expérience de travail dans le pays d’accueil, une immigration récente, la faible transférabilité du capital humain venant de l’étranger, une connaissance imparfaite ou limitée des langues officielles, l’absence de réseau professionnel et le manque d’information sur le marché du travail du pays d’accueil sont des facteurs qui limitent l’intégration des personnes immigrantes», note le rapport. Les liens sociaux et la discrimination entreraient aussi en jeu, toujours selon le rapport.

Difficile de se faire une place pour les femmes

Cet écart d’accès au marché de l’emploi dans la population issue de minorités visibles se creuse davantage chez les femmes. Dans la population générale, on compte 5% moins de femmes sur le marché de l’emploi par rapport aux hommes, qui sont à 79% employés. Dans la population issue de minorités visibles, seulement 68% des femmes sont employées. Une différence de 10 points par rapport aux hommes, lesquels sont à 78% employés.

L’écart d’accès à l’emploi entre les hommes et les femmes issus de minorités visibles s’est toutefois rétréci depuis 2016, où il était de 12 points.

«La faible reconnaissance des diplômes étrangers constitue un obstacle à la pleine intégration des personnes immigrantes, en particulier celle des femmes», mentionne une étude sur l’adéquation entre la formation et l’emploi réalisée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 2007.

Le facteur culturel des rôles sexospécifiques pourrait aussi avoir une incidence sur cette réalité. «Le rôle ou la position des femmes dans la famille peut avoir une influence sur la participation de celles-ci au marché du travail et, plus largement, sur leur revenu», notait un rapport de 2014 sur l’économie et l’immigration réalisé par le professeur de relations industrielles à l’Université de Montréal Brahim Boudarbat et le professeur d’économie de l’Université d’Ottawa Gilles Grenier.

«Si les femmes immigrantes ont de la difficulté à se faire une place sur le marché du travail, c’est notamment en raison des stratégies et des obligations familiales qui mettent au second plan la carrière des conjointes immigrantes», écrivait la professeure de relations industrielles Marie-Thérèse Chicha dans un article publié en 2010 dans Nos diverses cités.

Les études supérieures tout de même porteuses d’emploi

Malgré les écarts observés entre la population issue de minorités visibles et le reste de la population, le niveau d’études demeure un facteur d’influence considérable sur l’accès à l’emploi. Pour chaque minorité visible et pour le reste de la population, le taux d’emploi est plus élevé chez ceux qui ont étudié au niveau supérieur que chez ceux qui ont fait des études postsecondaires et que chez ceux qui n’ont qu’un diplôme d’études secondaires (DES) et ceux qui n’en ont pas.

L’écart est plus marqué chez la population arabe, où 51% de ceux qui ont au maximum un DES sont employés, par rapport à 77% pour ceux qui ont fait des études universitaires.

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