L’occupation du prochain chef du Parti québécois (PQ), qui pourrait ne pas être élu avant deux ans, engendre des flammèches chez les candidats à la chefferie de la formation, qui en ont vigoureusement débattu, mardi soir.
L’un affirme que le Parlement est le bureau idéal pour un chef de parti. Un autre signale qu’un chef «extraparlementaire» est la solution pour la renaissance du parti. C’est dans le contexte du deuxième de trois débats organisés par le PQ cet automne que les candidats au leadership se sont interrogés sur la question.
Aux yeux de l’avocat Paul St-Pierre Plamondon, déjà candidat à la dernière course, le prochain chef du parti indépendantiste aurait avantage à faire une tournée du Québec avant les élections de 2022, pas à travailler au Parlement comme député.
«Avoir un chef extraparlementaire me semble essentiel. Notre prochain chef doit être à temps plein sur le terrain, dans les cégep et dans les universités, à parler d’indépendance», a martelé le candidat, lançant des messages à peine voilés au député Sylvain Gaudreault, déjà élu.
«Je ne pense pas qu’un chef qui a une carrière d’humoriste à temps partiel ou un chef pris dans des commissions parlementaires puisse se concentrer à temps plein à cette mission de rebâtir nos appuis.» – Paul St-Pierre Plamondon
Des affirmations qui ont fait bondir M. Gaudreault. «L’idée du chef extraparlementaire, ça ne marche pas. Si le PQ a besoin de quelque chose, c’est d’une clarté sur son vrai chef», a-t-il répliqué lors du point de presse qui a suivi le débat.
«Ce que je comprend, c’est que si M. St-Pierre Plamondon avait été élu député [aux élections de 2018], il ne se serait pas présenté à la chefferie», a-t-il ajouté.
Des spectacles en 2021
Attaqué par la bande, l’humoriste Guy Nantel, qui poursuivra ses spectacles en 2021 même s’il est choisi comme chef, s’est défendu mardi.
«C’est important de comprendre que j’avais un contrat de quatre ans avec un producteur et que la COVID-19 est arrivée. Je dois terminer mes représentations», a-t-il expliqué.
Il rappelle d’ailleurs que Gérald Godin «a continué d’écrire des poèmes quand il était en politique». L’artiste québécois a remporté ses premières élections en 1976, lorsque le PQ a accédé au pouvoir. Il est resté en poste jusqu’à sa mort.
Questions économiques
Que serait le Québec sans l’encadrement juridique du Canada? C’est une des questions auxquelles les candidats à la chefferie du PQ ont tenté de répondre mardi durant le débat. Celui-ci couvrait les enjeux d’équité et de justice.
L’historien Frédéric Bastien s’est attaqué au fédéralisme et à la Constitution du Canada, comme il y a habitué les militants depuis le début de la course. «Il faut également s’attaquer à la Charte canadienne des droits et libertés, qui sert à invalider nos lois, dont la Loi 21 [sur la laïcité]», a-t-il soutenu.
Guy Nantel propose de doter toutes les lois québécoises d’une clause dérogatoire, une opinion partagée par MM. Bastien et St-Pierre Plamondon.
La proposition n’est pas nécessaire, croit au contraire Sylvain Gaudreault. «Pour moi, ce n’est pas one size fits all. Comme Assemblée nationale, il y a plusieurs lois qu’on peut faire de nous même», a-t-il évoqué.
Appel à ajouter du logement
Peu abordé dans ce débat d’une heure et demi, l’enjeu du logement a tout de même fait son chemin dans les discours de deux candidats. Le logement social représente une solution idéale à l’itinérance, selon M. St-Pierre Plamondon.
«La [Coalition avenir Québec (CAQ)] a promis 15 000 unités. En ce moment, elle n’en fait que 1000 par année», a dénoncé l’avocat de formation.
Québec négocie toujours avec le gouvernement fédéral dans le but d’obtenir des sommes bloquées à Ottawa depuis 2017. La ministre de l’Habitation et des Municipalités, Andrée Laforest, maintient qu’Ottawa doit respecter les compétences du Québec.
Sylvain Gaudreault voit les choses du même oeil, mais affirme qu’il donne la priorité à un ajout massif de logements dans le parc immobilier québécois.
«En attendant une entente, on a du monde qui vit dans des tentes sur le bord de la rue Notre-Dame. Ça n’a pas de bon sens», s’est-il indigné.
Un dernier débat
Le Parti québécois officialisera le choix de son prochain chef à la mi-octobre. C’est lui qui fera campagne aux élections provinciales de 2022.
Entre-temps, les quatre candidats présentent leur vision. La permanence du PQ tiendra un troisième débat le 22 septembre, sur les thèmes du nationalisme, de la protection de l’environnement et du territoire.