Six articles de plastique à usage unique seront bannis par le ministère fédéral de l’Environnement. Les sacs en plastique, les pailles, les bâtonnets à mélanger, les porte-cannettes, les ustensiles et les récipients alimentaires fabriqués à partir de plastiques difficiles à recycler sont dans la liste.
Sur les trois millions de tonnes de déchets de plastique que les Canadiens jettent chaque année, seuls 9% sont recyclés. Le plan du gouvernement du Canada vise l’objectif de «zéro déchet» de plastique d’ici 2030, indique le communiqué du gouvernement.
Au Canada, 29 000 tonnes de plastique se sont introduites dans l’environnement sous forme de pollution, uniquement en 2016. Ce volume pourrait atteindre 40 000 tonnes d’ici 2030 si aucune mesure n’est prise pour prévenir la pollution par le plastique.
«Au Québec, les Canadiens multiplient les solutions novatrices pour lutter contre la pollution par le plastique et garder nos lacs et nos cours d’eau propres. Notre gouvernement est fier de soutenir ces initiatives qui contribueront à protéger notre environnement côtier et à lutter contre la pollution par le plastique», a déclaré Peter Schiefke, secrétaire parlementaire du ministre de l’Environnement et du Changement climatique.
Des améliorations au processus de récupération et de recyclage du plastique seront également apportées, a annoncé Environnement et Changement climatique Canada.
Certains se réjouissent, d’autres non
Les membres de Réseau Environnement ont salué l’annonce du ministre Wilkinson, ajoutant qu’ils espéraient qu’une forte réglementation viendrait appuyer cette initiative gouvernementale.
La fondation David Suzuki a également applaudi l’interdiction, évoquant un «progrès» et «une victoire» pour l’environnement.
Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh s’est quant à lui déclaré «fier» des députés Alexandre Boulerice et Gord Johns «qui ont demandé des plastiques à usage unique en 2019». Selon lui, cette annonce est le résultat des efforts des militants qui ont aidé à pousser le premier ministre Justin Trudeau.
«Cette victoire appartient aux défenseurs des terres et océans à travers le Canada.» -Jagmeet Singh
Du côté du Parti Conservateur, l’heure n’est pas aux réjouissances.
Le parti a déploré qu’en raison de cette annonce, des milliers de travailleurs de l’industrie de fabrication du plastique partout au pays, notamment en Ontario, au Québec, en Alberta et en Colombie-Britannique, devraient peut-être devoir chercher du travail. Et ce, en pleine pandémie.
Agnès Le Rouzic de Greenpeace Canada s’est montrée déçue que la stratégie zéro déchet plastique du Canada reflète le travail des industries plastique et alimentaire qui tentent de maintenir le modèle jetable. Et non pas celui de l’évaluation scientifique de la pollution plastique réalisée par le gouvernement fédéral lui-même.
Pour Simon Chrétien, directeur général d’Alliance Polymères Québec, la notion de plastique à usage unique est réductrice. Il estime que bannir certains produits en plastique revient à balayer le vrai problème sous le tapis plutôt que d’en régler la source.
«[Cette notion] ne tient pas compte de la réalité des plastiques qui sont tous réutilisables et recyclables, a-t-il réagi. Les enjeux réels sont plus globaux et doivent prendre en considération l’ensemble de l’écosystème de la consommation et plus spécifiquement la gestion de fin de vie des produits.»
– Avec Céline Gobert