Québec veut alimenter la Côte-Nord en électricité grâce à un projet de parc éolien installé en territoire innu. Mis au rencard par le gouvernement de François Legault en 2018, il obtient désormais son soutien.
Le parc éolien Apuiat est un «projet gagnant-gagnant-gagnant», pour le Québec, pour les Innus et pour la Planète, a souligné jeudi le premier ministre François Legault, qui confirmait le feu vert de son gouvernement à sa réalisation.
«C’est un projet qui va créer, pendant la construction, 300 emplois», a-t-il confirmé. L’élu souhaite voir une partie de ces emplois occupés par des Autochtones.
Apuiat prend racine sur le territoire traditionnel de la Première Nation de Uashat mak Mani-utenam. Son idéation remonte à 2015.
En 2018, la société en commandite Apuiat – gérée par sept des neuf communautés innues au Québec – et Hydro-Québec avaient même atteint un projet de contrat, lequel aurait donné le coup de départ au parc éolien.
François Legault avait décidé de balayer le projet sous le tapis, du moins en attendant qu’Hydro épuise ses surplus d’hydroélectricité. Selon lui, avec Apuiat, la société d’État aurait accumulé les coûts d’exploitation alors qu’elle détenait déjà suffisamment d’électricité pour la population québécoise.
«Ce projet-là, à l’époque aurait amené des coûts inutiles», a indiqué le premier ministre, jeudi, qui soutient que le contexte n’est plus le même aujourd’hui.
«L’industrie de l’éolien a beaucoup changé.» – François Legault, premier ministre du Québec
Projet vert
Apuiat vise à construire un parc éolien de 113 kilomètres carrés comptant une cinquantaine de turbines. La puissance totale des installations doit atteindre 200 mégawatts. La première pelletée de terre est prévue pour l’été 2022 et doit mener à une mise en service en 2024.
«Monsieur le premier ministre, vous êtes un homme d’affaires. Eh bien, aujourd’hui, on va en faire des affaires», a lancé le chef de la communauté de Uashat mak Mani-utenam, Mike McKenzie.
Avec Apuiat, Québec compte poursuivre son virage vert, et limiter son appel au pétrole.
«C’est une énergie propre qui ne détruit ni la forêt, ni la rivière.» – Mike McKenzie, chef de la communauté de Uashat mak Mani-utenam
Hydro s’éloigne des barrages?
Selon le premier ministre, il s’agit là d’un «premier pas» dans l’éolien. L’élu de la Coalition avenir Québec veut améliorer la «mixité» des énergies, tout comme Hydro-Québec.
Ce qui veut aussi dire que le Québec semble s’éloigner des grands projets de barrages hydroélectriques. L’éolien et le solaire font partie des alternatives étudiées, a avancé jeudi la présidente et cheffe de la direction d’Hydro, Sophie Brochu.
«Dans un horizon prévisible, à court ou à moyen terme, on ne voit absolument pas la nécessité de relancer de grands barrages», a-t-elle indiqué.
Au Québec, le plus récent projet de barrage hydroélectrique approche sa complétion. La Romaine-4 doit être mise en service en 2022.