Dans la foulée du verdict rendu mardi dans l’affaire George Floyd, le ministre québécois responsable de la Lutte contre le racisme invite les Québécois à sortir leurs téléphones pour filmer des interventions policières qu’ils jugent inappropriées.
Selon le ministre Benoit Charette, les vidéos citoyennes servent la justice «Cela a été le cas dans le jugement de culpabilité rendu à l’endroit du policier Derek Chauvin, filmé dans les moments précédant la mort de George Floyd, le genou sur le cou de la victime et les traits impassibles.
«Sans cette vidéo-là, on peut prendre pour acquis qu’il n’y aurait pas eu d’accusation. La vidéo a fait une différence», a-t-il souligné mercredi, à Québec.
«Les citoyens qui pensent être témoins de gestes inappropriés sont tout à fait dans leurs droits de filmer et de rendre les vidéos publiques», a poursuivi M. Charette, interrogé sur la question par des journalistes.
Derek Chauvin a écopé mardi de trois verdicts de culpabilité pour homicide. Le policier américain connaîtra bientôt sa sentence. Si le problème n’est pas aussi répandu au Québec, selon le ministre Charette, il y a bel et bien des «pommes pourrîtes» dans les corps policiers québécois.
«Même au niveau québécois, [ce verdict], c’est aussi le signal qu’il y a du travail à faire.» – Benoit Charette, ministre responsable de la Lutte contre le racisme
Les caméras corporelles à l’ordre du jour
Cette fin de semaine, dans le métro de Montréal, des citoyens ont filmé et publié des vidéos d’une intervention vigoureuse envers une femme noire. La Société de transports de Montréal (STM) se justifie en avançant que la dame aurait mordu les policiers.
Dans un tel cas, une vidéo peut aider à tracer la ligne, a soutenu Benoit Charette, mercredi. Selon lui, c’est aussi pour cette raison que Québec étudie la mise en place de caméras corporelles dans les corps policiers de la province.
Le gouvernement provincial lancera prochainement quatre projets pilotes de caméras corporelles dans des secteurs différents de la province. Les annonces viendront prochainement, a signifié la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, quelques minutes plus tard.
Malgré leurs avantages, toutefois, ces appareils ne sont pas la panacée, a évoqué Mme Guilbault.
«Souvent, on va se dire que ça serait pratique, mais ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air. Ça amène des éléments de gestion de preuve, d’arrimage technologique, un élément financier aussi», a-t-elle nuancé.
Les caméras corporelles font l’objet de délibération depuis plusieurs années au Québec. Après un projet pilote infructueux, en 2016, la Ville de Montréal avait rejeté l’idée. La Sûreté du Québec a elle aussi testé le produit, dans le cadre d’un autre projet pilote.