Le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon se retire du conseil des ministres «d’un commun accord avec François Legault», mais demeurera député. C’est Éric Girard, l’actuel ministre des Finances, qui reprendra ses fonctions, étant donc à la tête de deux ministères.
Plus tôt mercredi, la commissaire à l’éthique avait recommandé que M. Fitzgibbon soit suspendu, en raison de ses intérêts dans deux entreprises avec lesquelles le gouvernement fait affaire. En vendant ses parts, M. Fitzgibbon aurait essuyé des pertes potentielles de 1 M$, a dévoilé M. Legault.
«Il doit vendre ses actions, il veut les vendre, mais impossible pour lui de le faire à un prix raisonnable», a expliqué à regret le premier ministre.
Les entreprises, ImmerVision et White Star Capital n’ont jamais profité d’avantages du gouvernement, assure-t-il, en ajoutant que Pierre Fitzgibbon n’aurait jamais été réellement en conflit d’intérêts. Mais pour conserver la «réputation» et l’«image de confiance de l’État», la «seule solution était qu’il quitte son poste.»
«Je veux être convaincu que les membres de mon gouvernement ne sont pas au-dessus des lois, a dit M. Legault. Même si Pierre Fitzgibbon n’est pas en conflit d’intérêts, il reste que dans sa forme actuelle, il ne respecte pas le code.»
Une vente, un retour?
Si M. Fitzgibbon parvenait à se départir de ses intérêts dans les deux entreprises à bon prix, il pourrait faire son retour au conseil des ministres. Les chances que cela se produise à court terme sont minces, a convenu M. Legault.
«C’est parfois difficile de se départir de ses actions, surtout quand elle ne sont pas cotés en bourse», rappelle-t-il.
Le code d’éthique applicable aux membres de l’Assemblée nationale doit être modernisé pour permettre aux hommes d’affaires comme lui d’être ministre, plaide-t-il. «Il faudrait être capable de s’assurer qu’il n’y a aucun conflit d’intérêt: une complète transparence de ce qui se passe entre les entreprises et le gouvernement», a-t-il toutefois souligné.
La CAQ tentera d’amender le code d’éthique, mais craint que l’opposition n’y adhèrera pas. Par ailleurs, le parti votera en défaveur du rapport de la commissaire à l’éthique. La commissaire, Ariane Mignolet, avait recommandé sa suspension de l’Assemblée nationale jusqu’à la vente de ses intérêts.
L’alternative était que M. Fitzgibbon place ses intérêts dans une fiducie sans droit de regard. «Ce qu’il voudrait dire qu’il ne pourrait pas les vendre [ses intérêts]. C’est quelque chose d’un peu spécial», a qualifié M. Legault.
Réactions diverses
Avant l’annonce du départ de M. Fitzgibbon du conseil des ministres, le Parti libéral avait demandé qu’il soit mis «à la porte».
«La situation du ministre Fitzgibbon est un triste précédent dans notre histoire parlementaire. Depuis la création du poste de Commissaire à l’éthique, jamais un ministre n’a démontré une aussi grande désinvolture et un aussi grand manque de respect envers les règles d’éthique qui doivent nous gouverner», a déclaré la cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade.
Pour sa part, le chef de la direction de la Chambre de commerce de Montréal, Michel Leblanc, a critiqué la démission du ministre.
Il «a été d’une efficacité inouïe avant et durant l’une des pires crises de notre histoire. Le travail n’est pas fini. Je n’en reviens pas qu’on se prive de son expertise pour des raisons politiques, alors que tous conviennent de sa totale intégrité», a-t-il publié sur Twitter.