Voulez-vous acheter une station de télé? C’est en plein le temps, MusiquePlus est à vendre. Et si vous ajoutez une cenne à votre prix, on vous offrira sans aucune autre forme de cérémonie, Musimax, sa grande sœur mal dégourdie qui a toujours traîné de la patte.
Franchement, croyez-vous qu’il y a encore quelque chose à faire avec MusiquePlus? Personnellement, j’en doute fort. En tout cas, pas si on s’obstine à l’étouffer avec un mandat de programmation aussi déphasé par rapport à la réalité de 2013. Sérieusement, des vidéoclips, ça remonte à quand la dernière fois que vous avez regardé ça?
La chaîne MusiquePlus célébrera bientôt ses 27 ans. Aussi bien dire trois siècles au rythme où déboulent les innovations de nos jours. Au fil des ans, cent fois on a voulu la revamper, l’envoyer au car wash de la fontaine de Jouvence, lui faire subir des liftings. Et à chaque fois, les résultats furent décevants. Pendant que les divers consultants et autres génies du marketing planchaient sur la réinvention du «produit» et sur le renouvellement du «public cible» – c’est ainsi qu’ils s’expriment ceux-là – on a oublié l’essentiel. Plutôt que de vouloir rester éternellement jeune, MusiquePlus aurait pu prendre de la maturité en continuant à grandir avec son auditoire. Cet auditoire à qui on semblait vouloir tourner le dos à chaque réincarnation. Résultat, plutôt que de choisir la voie de l’intelligence, on a préféré plonger à fond dans la culture de douchebag à grands coups de Jackass, de Hulk Hogan et de Jumelles bisexuelles à la recherche du compagnon idéal. Des choix lamentables, au point où la marque de commerce de la station frôle maintenant le point zéro.
Dommage, surtout parce que l’on ne soulignera jamais assez combien de beaux et bons talents sont passés par cette formidable usine de télé. Des communicateurs qui occupent aujourd’hui diverses fonctions ailleurs et qui contribuent grandement à notre vie culturelle. Ils et elles s’appellent Cloutier, Borne, Makkonen ou Fehmiu. Hors caméra, il y a les Coiteux, Saint-Pierre et Lévesque. Je termine à peine cette liste qu’il y a une autre quinzaine de noms qui me viennent à l’esprit. Tout cela sans parler de gestionnaires dont le nom ne vous dirait rien, mais qui contribuent aussi à leur manière à ce qu’est notre télé.
Tant mieux si un nouvel acquéreur fait un pas en avant pour relancer la bannière. On espère cependant que celui-ci pourra et voudra modifier le contenu de sa programmation en visant vers le haut. Le fond, ça fait déjà un bon bout de temps qu’on a décidé de ne plus le fréquenter.
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Le manuscrit du Vaisseau d’or d’Émile Nelligan deviendra-t-il ou non la propriété du gouvernement du Québec? On le souhaite. Reste à trouver le juste prix pour acquérir ledit document. Quand ça arrivera, j’ai donc pas hâte d’entendre le chialage des fouilleurs de merde sur le coût de cette acquisition. J’imagine déjà le calcul des «éclairés» du type Sun News : «Chez Walmart, un stylo à bille se détaille 2,49 $ et le paquet de feuilles blanches était en spécial à 1,49 $ la semaine passée. C’est clair que le contribuable québécois vient encore de se faire fourrer avec l’utilisation de l’argent de ses taxes…» Je vous le dis, on n’a pas fini d’en entendre des belles…
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.