Le personnel de la santé qui dépiste et vaccine la population à risque de contracter la variole simienne, aussi appelée «variole du singe», ne sera pas vacciné contre cette maladie infectieuse. Et ce, malgré des demandes en ce sens du milieu soignant.
Face au nombre grandissant de cas de variole simienne, les cliniques menant les efforts de dépistage et de vaccination voient défiler de nombreux patients depuis quelques jours. Pour le moment, les infirmiers et infirmières qui mènent ces efforts n’ont toutefois pas accès au vaccin qu’ils et elles administrent à autrui.
Le Dr Réjean Thomas est spécialiste du VIH et président fondateur de la Clinique médicale l’Actuel. Il intervient auprès de la communauté LGBTQ2+ et s’occupe notamment de patients infectés par la variole simienne.
Il a récemment fait une demande auprès du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) pour rendre la vaccination contre la variole simienne disponible pour le personnel de la santé. La réponse reçue était négative.
Moi, mon inquiétude, c’est si un infirmier contractait la maladie de cette façon-là, quel impact ça aurait sur les autres infirmiers à qui on demande de faire des dépistages sans être vaccinés?
Dr Réjean Thomas
Il craint que, dans ce cas de figure, une partie du personnel ait peur de faire du dépistage ou de la vaccination pour la variole simienne. Cela pourrait ensuite engendrer une pénurie de main-d’œuvre au sein de la clinique alors que les besoins sont déjà fort importants.
Pas assez de doses, mais assez d’équipement de protection
Le médecin rappelle que, lors de la vaccination contre la COVID-19, le personnel soignant a été parmi les premiers groupes à recevoir le vaccin. La logique gouvernementale voulait alors qu’on s’assure de ne pas perdre du personnel en raison d’infections, et aussi que ces personnes ne deviennent pas des vecteurs de transmission.
Selon les différentes autorités de santé publique, la variole simienne est toutefois bien moins contagieuse que la COVID-19.
«Le Comité d’immunisation considère qu’avec les moyens de protection qu’on prend on n’est pas à risque. Mais je veux dire, quand tu as un infirmier qui fait dix dépistages dans la semaine, quand même…», souligne le Dr Thomas. Il ajoute que les personnes qui administrent ces doses ne forment pas un très grand groupe.
Ce besoin de rendre disponible la vaccination pour le personnel de la santé est soutenu par l’expert en virologie de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), Alain Lamarre. À ce stade, il n’élargirait cependant pas la vaccination au reste de la population.
«J’inclurais les travailleurs de la santé […] qui sont en contact régulier avec des cas; ils pourraient aussi bénéficier de la vaccination», dit-il.
Suffisamment protégés, dit l’INSPQ
L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), qui régit le CIQ, estime de son côté que la vaccination du personnel de la santé n’est pas essentielle. En entrevue avec Métro, la chercheuse Caroline Quach-Thanh explique que le personnel soignant reste bien protégé contre de possibles infections.
Compte tenu de la rareté des doses de vaccin contre la variole, et comme le personnel de la santé devrait toujours porter un masque de procédure, des gants et une blouse lorsqu’un examen ou des prélèvements sont faits sur des lésions, le risque que ce personnel de la santé soit infecté par la variole simienne est minime.
Caroline Quach-Thanh, chercheuse à l’INSPQ
Sur son site, l’INSPQ recommande cependant la vaccination pour le personnel de laboratoire à risque d’exposition avec le virus.
«Les travailleurs de laboratoires de recherche à haut risque d’exposition à un Orthopoxvirus réplicatif (variole humaine, virus de la vaccine, variole simienne) devraient être vaccinés avec un vaccin contre la variole», peut-on lire.