À l’instar de la majorité des provinces voisines, le Québec ne rend toujours pas la vaccination contre la grippe gratuite pour tous. Alors que le système hospitalier est sous tension, notamment en raison des nombreux virus respiratoires qui circulent, est-ce que l’accès à ce vaccin devrait être rendu gratuit pour désengorger le système de santé?
Pour le professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal Benoît Mâsse, la question se pose alors qu’un déphasage est observé. En effet, le virus est arrivé plus tôt cette année et touche fortement les enfants et les aînés.
«Il faudrait rendre le vaccin gratuit du moins pour cette vague-là, car là c’est un peu exceptionnel, dit-il. Peut-être que temporairement on devrait aussi vacciner les parents pour protéger les enfants, car lorsque l’on a une grosse vague qui arrive plus tôt et une combinaison de virus qui arrivent en même temps, on voit que le système n’est pas capable de fournir.»
Selon Benoît Mâsse, il est pour le moment impossible de prédire les conséquences qu’aura un tel déphasage sur les cycles de la grippe dans les années à venir. Pour lui, une possibilité serait de devancer la campagne de vaccination dès l’année prochaine.
«L’année prochaine, il n’y a rien qui dit que ça va revenir comme les années d’avant, car on ne sait pas trop ce que ça va causer, ce déphasage, dit-il. On peut inciter des gens à se faire vacciner, mais il aurait fallu y penser avant. On a vu la vague venir d’Australie, donc on ne peut pas dire que personne n’est surpris de voir ce qui se passe présentement.»
C’est dur de faire de fortes recommandations à la population, et [de constater] que lorsqu’on arrive pour se faire vacciner, il faut payer.
Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal
Sur son site, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) rappelle qu’il faut saisir «toutes les occasions appropriées pour vacciner contre la grippe».
«La vaccination contre la grippe […] constitue un élément important de la gestion de la capacité du système de soins de santé pendant la saison grippale dans le contexte de toute activité en cours liée à la COVID-19», peut-on également lire dans les lignes directrices de l’ASPC.
Pour le moment, le vaccin contre la grippe est gratuit pour certaines parties de la population, notamment pour les personnes les plus à risque de complications. Cela comprend notamment les personnes âgées de 6 mois à 74 ans atteintes de certaines maladies chroniques, les enfants de 6 à 23 mois, les personnes âgées de 60 à 74 ans, et les femmes enceintes aux deuxième et troisième trimestres de leur grossesse.