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La pénurie de main-d’œuvre coûte 7 G$ par an aux manufacturiers

La rareté de la main-d'œuvre frappe plus que jamais les manufacturiers du Québec.

Les Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) tirent la sonnette d’alarme: «ce sont 7 milliards de dollars qui ont été laissés sur la table, dans la dernière année au Québec, à cause de la pénurie de main-d’œuvre, seulement dans le secteur manufacturier», indiquent-ils. La lenteur et la complexité des démarches en immigration, comme l’expliquait Métro, en est une des principales sources.

«On a souvent tendance à penser qu’à Montréal, il n’y a pas d’enjeux de main-d’œuvre, car il y a beaucoup d’immigrants. Mais même Montréal n’est pas épargnée [par la pénurie] dans le secteur manufacturier», souligne Véronique Proulx présidente-directrice générale de MEQ. En réalité, la Montérégie, Chaudière-Appalaches et la métropole occupent le podium des régions les plus touchées.

Ces 7 G$ perdus par l’industrie sont estimés à partir d’un sondage auprès de 300 entreprises manufacturières québécoises réalisé entre le 14 septembre et le 11 octobre 2022. Parmi celles-ci, 75% disent avoir refusé des contrats au cours de la dernière année, faute de travailleurs. Certaines entreprises sont aussi forcées de ralentir leur production et observent un allongement des temps de livraison.

En moyenne, 42 postes sont à combler par entreprise dans le secteur, et 98% d’entre elles seraient concernées. C’est le cas du groupe Meloche, fabricant de composants pour l’aéronautique. «Cette année, on a pu voir un ralentissement pour l’ensemble des employeurs. Cette lenteur [représente] 12 M$ de ventes reportées, annulées ou décalées chez nous», illustre la vice-présidente Anne-Renée Meloche.

Plus d’immigration pour éviter la délocalisation

Finalement, est-ce que les salaires ne sont pas également la source de ces difficultés de recrutement? «Si on augmentait les salaires, on trouverait plus facilement les travailleurs», reconnaît Mme Proulx. Mais le salaire moyen oscille entre 20 et 29 $/h. «Il y a des postes vacants à tout les niveaux, mêmes dans les hauts salaires. On a beaucoup de difficulté à trouver et recruter des ingénieurs», évoque la PDG de MEQ.

Si la rareté de main-d’œuvre est habituelle chez les manufacturiers, les difficultés à recruter des travailleurs à l’étranger poussent certains d’entre eux à envisager la délocalisation. «À force de freiner la croissance, on va envisager sérieusement de s’établir à l’étranger. On ne veut pas ça, mais avec la complexité, la lenteur des programmes d’immigration temporaire, c’est de plus en plus envisagé. Ce qu’on aimerait du gouvernement c’est qu’il simplifie les démarches», souligne la vice-présidente de Meloche.

D’après le sondage du MEQ, 3 entreprises sur 10 envisagent déplacer une partie de ses activités à l’étranger. D’autre part, 6 sur 10 d’entre elles croient que «le gouvernement du Québec pourrait en faire beaucoup plus pour aider à régler le problème de pénurie de main-d’œuvre».

Près de la moitié des sondés se prononcent en faveur d’une hausse des seuils d’immigration et du recrutement à l’international. «Complexité des processus, délais, coûts, manque de ressources pour accueillir les travailleurs étrangers», Véronique Proulx relate des parcours «remplis d’obstacle» pour recruter des talents à l’international. Pour «faciliter l’accès aux travailleurs étrangers, il faut travailler sur la question d’immigration», conclut-elle.

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