L’anecdote appartient à Gilles Valiquette. Quand les Beatles sont passés par Montréal, en septembre 1964, Gilles avait eu bien sûr l’intention d’assister à leur spectacle. Mais comme l’événement avait lieu en pleine semaine – un mardi de rentrée des classes de surcroît – et qu’en plus, tout laissait croire que cette fascination serait passagère, sa mère ne lui avait pas permis d’y aller. «On ira la prochaine fois», qu’elle avait statué. On connaît la suite. Ou plutôt, on ne la connaît pas. Parce qu’il n’y en a pas eu, de suite, les Beatles n’étant jamais revenus en ville. On tirera une leçon de cette histoire : ne jamais attendre à la prochaine fois quand on peut faire quelque chose tout de suite.
C’est peut-être ce qui incite les fans des Rolling Stones à payer des prix de malades (de 168 $ à 635 $) pour voir ce qui risque d’être la dernière série de spectacles du groupe. Quand une tournée s’intitule 50 & counting… (50 ans et ça continue…), on est en droit de tirer son propre scénario. Même si les Stones sont éternels…
Entre vous et moi, il n’y a pas un spectacle au monde qui vaille une telle dépense. Pas un. La seule chose qui explique une somme aussi déraisonnable, c’est l’affection qu’on peut éprouver pour un artiste. Ça, ça ne se discute pas. Quand on ajoute l’expectative de ne pouvoir remettre le rendez-vous à une autre fois, le portrait est encadré. Dans une clinique de psychothérapie, on n’hésiterait aucunement à parler de chantage émotif…
Ce qui est triste ici, c’est que pour les adieux des Stones, le business a nettement pris le dessus sur le show. À ce prix-là, on parle d’un sport de riches. Et on ne peut même pas blâmer le groupe (qui est aussi producteur de la tournée) de charger un tel tarif, on vit dans un marché d’offre et de demande et les affaires sont les affaires. On pourra remercier (!) au passage l’industrie du scalping pour avoir fait la démonstration, au fil des ans, qu’il existait un marché suffisant pour une clientèle capable de débourser des montants aussi exorbitants. Si des intermédiaires illégitimes le font, pourquoi les artistes s’en priveraient-ils?
Les billets trouveront-ils tous preneurs au soir du 9 juin au Centre Bell? Aucune idée. Ce que je sais, c’est que le gars de la shop qui aurait eu envie de se changer les idées en allant voir son groupe préféré une dernière fois, lui, il n’y sera pas. Peut-être la prochaine fois…
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Le Canadien traverse une bien mauvaise passe. Il y a trois semaines, on se demandait quel parcours allait suivre le défilé de la Coupe Stanley. Et là, ils sont des masses qui veulent botter Price hors de Montréal, qui remettent en question les décisions de la direction, qui gueulent à propos de tout, de rien et de son trop-plein… De deux choses l’une : soit qu’on était joyeusement aveuglés par l’enthousiasme il y a quelques semaines, soit qu’on est mauditement dans le champ depuis une couple de jours. Entre les deux options, un constat remonte à la surface : on est bien émotifs. Qu’avait déclaré Pat Burns, un jour, du temps où il était analyste à la télé? Ah oui, je me souviens : «Heille, c’t’un jeu c’t’affaire-là!» Si Pat l’a dit…
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Le nom de John Parizella vient de s’ajouter à la courte liste non officielle des candidats potentiels à la mairie de Montréal. Bien hâte d’avoir du concret à croquer bientôt. Mine de rien, les élections de novembre viennent vite. Dans l’improvisation, on a déjà donné me semble…
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.