Environ 4000 personnes ont marché dans les rues de Montréal lors d’une manifestation contre le projet de loi 31, selon les chiffres des organisateurs. Faisant de la cession de bail le symbole de ce mouvement, les comités de logement et les regroupements de locataires demandent un gel immédiat des loyers, un plafonnement annuel ainsi qu’un registre «provincial, public et obligatoire» de ceux-ci.
Initialement prévue par le Comité d’action de Parc-Extension dans le but de s’opposer aux hausses abusives des loyers et aux évictions se multipliant dans le quartier, la manifestation locale a muté en manifestation régionale, puis nationale à la suite du dépôt du PL31. Le Regroupement des comités de logement et d’aide aux locataires du Québec (RCLALQ), coorganisateur de la manifestation, appelait également à des regroupements, ainsi qu’à des actions à Québec et dans d’autres régions de la province.
C’est beaucoup plus large que la cession de bail. C’est vraiment une écœurantite, c’est un raz le bol, qu’on sent chez les locataires. Il y a de la colère aussi face au mépris qu’on a senti de la part du premier ministre et de la ministre responsable de l’habitation.
Cédrick Dussault, porte-parole du Regroupement des comité de logements et des association de locataire
Ce qui est reproché au projet de loi, c’est de ne donner «à peu près rien» aux locataires, tout en «faisant un gros cadeau aux propriétaires», soit la permission de refuser une cession de bail sans «motifs sérieux». «Le projet de loi ne fait absolument rien pour s’attaquer au réel problème, soit des augmentations de loyer complètement démentielles qu’on vit depuis plusieurs années», revendique le porte-parole du RCLALQ, Cédric Dussault.
Un plus grand contrôle des évictions fait également partie des demandes des militants. La cession de bail «c’est la cerise sur le sunday», explique M. Dussault. Le PL31, si adopté, accentuerait «très fortement le déséquilibre entre locataires et propriétaires, en la faveur des propriétaires».
Le gouvernement de M. Legault et sa ministre responsable de l’Habitation se sont donc à nouveau fait reprocher leur «manque flagrant de compréhension» vis-à-vis la réalité des locataires de la province.
Les locataires subissent de manière «particulièrement dure les effets de l’inflation», croit le porte-parole du RCLALQ, surtout ceux appartenant aux communautés plus vulnérables, comme les personnes des communautés 2SLGBTQ+, les personnes racisées, mais aussi les femmes et les migrants.
Les droits de ces derniers ont d’ailleurs été mis de l’avant lors des discours annonçant le début de la manifestation. La porte-parole de l’organisme Solidarité sans frontière, Samira Jasmin, était présente lors de la manifestation pour représenter les sans-papiers «qui ne peuvent pas louer d’appartement puisqu’ils n’ont pas de pièce d’identité».
Les combats des deux groupes se retrouvent donc à une intersection et sont liés. «Si [les sans-papiers] ont accès au logement, ils ne peuvent pas dénoncer les propriétaires, ils sont victimes de différentes agressions et n’ont pas accès aux logements sociaux», souligne Mme Jasmin.
Toujours en cours au moment d’écrire ses lignes, la manifestation se déroule dans le calme et sans accrochage. Dans la dernière semaine, le Parti libéral du Québec ainsi que Québec solidaire ont tous les deux demandé à la ministre responsable de revenir sur sa décision concernant les cessions de bail.