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L’engagement pour transformer la société

Le président de l’Agence du service civique de France, Martin Hirsch, sera à Montréal le 15 aout pour s’adresser aux jeunes participants de l’École d’été de l’Institut du Nouveau Monde (INM). Métro a discuté avec celui qui croit que les jeunes peuvent et doivent être des agents de changement dans leur société.

Qu’est-ce que le Service civique? 
C’est un programme de volontariat pour tous les 16-25 ans qui leur permet de s’engager en France et à l’étranger, pour un maximum d’un an, au service de l’intérêt général dans des collectivités, des ONG, des associations…

Pourquoi avoir mis sur pied une organisation de la sorte en 2010?
Si on l’a créée, c’est parce qu’en France, il y avait un vide laissé par la suppression du service militaire, qui était une des rares expériences de jeunes. Et il y avait un souhait pour plus d’éducation populaire et pour davantage d’engagement communautaire.

Est-ce que ça vaut l’engagement financier du gouvernement?
Ça, je peux vous le garantir. D’abord, peu de programmes ont un taux de satisfaction de 90%. On peut accueillir des jeunes sans diplôme et des diplômés. Dans une de nos enquêtes, on a noté que, six mois après leur stage, les trois quarts des jeunes sont soit en emploi ou en reprise d’études. En France, on ne dit pas que c’est cher. On a entre 20 000 et 30 000 jeunes, mais on reçoit plus de 100 000 candidatures. On crée des jaloux parce qu’on est un des rares programmes en expansion.

L’Europe connaît un climat de morosité économique avec un taux de chômage extrêmement élevé chez les jeunes. Est-ce que le service civique est une bonne façon de leur donner de l’espoir?
C’est ce qu’ils nous disent. Le fait de pouvoir se dépenser et se décarcasser pour une mission, ça leur redonne confiance en eux. Parfois, on a des jeunes qui n’ont aucun réseau, qui ne connaissait personne, donc on les aide à prendre conscience, notamment, qu’ils savent faire un projet collectif et qu’ils peuvent prendre la parole en public. C’est pour ça qu’on a beaucoup de candidats et beaucoup de bons résultats.

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Est-ce un modèle qui s’exporte?
D’abord, on l’a copié des programmes américains «Peacecorps» et «Americorps», qui sont des programmes lancés par John F. Kennedy et Bill Clinton. Gardons en tête que l’idée du Service civique en France est venue des jeunes, d’une Américaine en fait, qui étudiait en France il y a 15 ans. Elle a parlé aux jeunes Français du programme et c’est comme ça qu’ils ont créé une première association qui s’est battue pour que le service civique vienne en France.

Si on revient au Québec, pensez-vous être bien accueilli lors de votre conférence pendant l’École d’été de l’INM?
Ma seule surprise, c’était que j’étais persuadé qu’il y avait un programme de la sorte au Québec. J’étais très surpris que ça n’existe pas.

Mais pour répondre à votre question, je n’ai pas de doute que le public va être réceptif. En fait, j’espère que moi, je vais être à la hauteur du public (rires).

Cette année, le thème est le changement. Que veut dire le changement pour vous?
Dans les sociétés, on dit aux jeunes en général: intégrez-vous et rentrez dans le moule. Quand on regarde le moule, il est pas mal fissuré d’un point de vue social, financier, démocratique et environnemental… Je trouve intéressant de renverser la problématique, et de dire aux jeunes: quel type de société voulez-vous et demandez aux vieux d’intégrer dans leurs programmes votre vision de la société qui correspond à vos idéaux, plutôt que de rentrer dans le moule de la société telle qu’elle est aujourd’hui!

On reconnaît que les choses ne peuvent plus tourner comme ça !

Comment les jeunes peuvent-ils avoir un effet significatif sur leur société?
Si je ne me trompe pas, il y en a eu, des jeunes, qui ont eu un impact sur le Québec, il n’y a pas longtemps… Par ailleurs, je pense que la citoyenneté accomplie est une citoyenneté dans laquelle on est engagé, dans laquelle on ne fait pas que donner une procuration à ses représentants. Une jeunesse engagée peut avoir un gros impact sur la société, c’est évident. Il suffit d’aider les jeunes à créer leurs propres initiatives.

Comment voyez-vous la jeunesse?
Je ne pense pas que la jeunesse soit «moins bien que celle d’avant». Des gens disaient, lors de l’implantation du Service civique, qu’il faudrait qu’il soit obligatoire parce que les jeunes sont trop individualistes et qu’ils ne voudraient pas s’engager. En fait, on ne leur donnait pas le cadre pour s’engager. Maintenant, on est débordé par les candidatures. Dans plein de domaines, ça fonctionne comme ça. On doit leur offrir des possibilités sinon ils se referment sur des choses inintéressantes.

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