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Suffit d’un effort…

Quelle performance de Rafael Nadal aux Internationaux de tennis de Montréal en fin de semaine! Le samedi soir, en trois sets interminables, il bat le no 1 au monde Novak Djokovic et le lendemain après-midi, déjà tout reposé, il va chercher le titre. Ça semble si simple quand, comme moi, on ne connaît presque rien au tennis. Sauf qu’en s’arrêtant deux secondes, disons que la chose a de quoi impressionner. Ça doit être ça un vrai champion.

Et que dire des joueurs qui, après les matchs, ont pris le temps de s’adresser en français au public présent et à ceux qui les regardaient à la télé. On dira c’qu’on voudra, c’est toujours apprécié quand un athlète fait un petit quelque chose de plus pour être aimable. Entendons-nous bien, Nadal et les autres ne sont absolument pas obligés de faire ça. Leurs bourses demeurent les mêmes qu’ils soient sympathiques ou bêtes comme leurs pieds.

Inévitablement, le nom de Saku Koivu me remonte à la gorge dans ce temps-là. Combien d’années a-t-il passé avant d’articuler une seule maudite phrase en français pour les Montréalais? Je n’ose même pas faire le compte. Quatre ans après son départ, c’est fou comme le long passage de cet athlète chez nous (13 ans) n’a pas laissé trop de traces. Et pourtant, la tribune dont il disposait aurait dû lui conférer une place de choix dans nos souvenirs.

Je réfléchis à ça et je pense à Gary Carter. Plus Californien que ça, ça ne se pouvait pas. Et pourtant, avec un sourire large comme une porte de garage double et un vocabulaire d’une cinquantaine de mots articulés tout croche mais avec tellement de gentillesse, l’homme demeurera l’un des nôtres pour toujours.

Il n’est pas le seul à avoir fait preuve d’ouverture et de maturité face à la communauté francophone. Je suis juste assez vieux pour me rappeler les efforts de Rusty Staub, un autre ex-Expos du début des années 1970. Et de Ken Dryden qui, invité à la télé par Lise Payette, avait un jour apporté avec lui son dictionnaire anglais-français pour être bien certain de bien saisir – même en blague – ce qu’on lui racontait. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de faire le petit chien savant et prononcer quelques mots pour épater la galerie mais aussi de comprendre ce que les autres lui racontent. La curiosité, pour fonctionner, ça doit aller dans les deux sens. Tout ce beau monde-là avait compris. C’est ce qui semble échapper à la plupart des athlètes venus d’ailleurs qui viennent gagner leur vie à Montréal.

La saison de hockey s’en vient et bientôt les noms de Subban, Galchenyuk, Gallagher, Pacioretty et Price vont faire partie de notre plus-que-quotidien. On leur dit : Ayez pas peur les boys, essayez une couple de mots. Même si c’est tout croche et que tout sort n’importe comment, personne ne rira pas de vous autres, promis-juré. Au pire, on vous aimera encore plus. Au mieux, on vous adoptera éternellement.

Quand Nadal a quitté le parc Jarry dimanche après avoir conquis le cœur d’à peu près le Tout-Montréal, vous savez quelle rue il a empruntée? La rue Gary-Carter…

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Au moment d’écrire ce texte, je n’ai aucune idée des entrées pour le premier week-end dans les cinés de la pseudocomédie québécoise Hot Dog. Si c’est raté, la «méchante» critique assassine va se faire varloper, c’est sûr. Question : la critique va-t-elle recevoir une motion de félicitations pour les commentaires plus que positifs qu’elle a eus pour le film Louis Cyr qui lui, marche très bien? Juste pour savoir. Quand un film est bon, ben, y est bon et il faut le dire. Pareil quand c’est le contraire…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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