Où étiez-vous le soir du samedi 10 novembre 1973? Moi, je devais être assis devant ma télé pour voir les Canadiens se faire tristement planter 5-0 par St-Louis. Non, ne vous en faites pas pour ma santé mentale, je ne me souviens absolument pas de cette soirée, j’ai dû fouiller sur le web pour présumer de ce que j’avance ce matin.
Cependant, pour d’autres, cette même soirée fut pas mal plus marquante. Car, au moment où je devais fulminer en regardant le hockey, ils étaient des milliers à atteindre l’extase au CEPSUM (l’aréna de l’UdeM) lors du spectacle Selling England by the Pound donné par le groupe Genesis. Un événement marquant au point où quarante ans plus tard, dimanche dernier, on s’est donné rendez-vous, même heure-même date pour reprendre e-x-a-c-t-e-m-e-n-t le spectacle mais cette fois-ci, avec la gang de Musical Box aux commandes. Suis allé, je n’allais quand même pas niaiser à la maison une fois de trop à cause du hockey.
Ce fut, pour ainsi dire, un drôle de voyage dans le temps. En commençant par retourner dans la très improbable salle du CEPSUM, une horreur glaciale… Et y croiser le claviériste d’Harmonium, anonyme dans la file comme dans la foule. Étrange, la dernière fois que je l’avais vu, c’était justement là, au CEPSUM. Sauf que lui jouait sur scène et moi, j’étais assis tout juste derrière une fille qui voulait se faire engrosser par Serge Fiori à la fin de la soirée. Pour être bien sûre qu’on n’allait pas la manquer, elle avait agité une moppe à plancher à bout de bras pendant deux heures… La folle.
Ce dimanche, sur le trottoir du boulevard Édouard-Montpetit, il y avait des têtes grises qui tiraient sur leurs joints avant d’entrer. Histoire de favoriser le décollage j’imagine. Quand le voyage promis est sur le point de nous ramener quarante ans en arrière, ce n’est pas le moment de lésiner sur les moyens à prendre pour atterrir à la bonne place. Pendant l’expédition, pris dans une bulle flottante à atmosphère contrôlée, tout le monde a revécu à sa manière, la soirée du 10 novembre 1973. Ce n’est pas donné à tous de revenir sur ses pas. Ça procure un bien étrange sentiment pour tout dire. Comme si on avait inversé une couple de bobines dans le film de nos têtes…
Qu’est-ce qui nous pousse donc à vouloir constamment retourner nous blottir dans le passé? Par quoi cet éternel besoin de regarder en arrière est-il animé? Avons-nous peur de nous faire refaire le coup du Petit Poucet et de ne plus être capables de retrouver notre chemin?
C’est vrai qu’en jetant un coup d’œil sur ce que nous offre le présent et ce que nous annonce l’avenir, il y a peut-être là l’amorce d’une réponse à toutes ces questions…
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Message à Justin Trudeau qui clame son admiration pour le régime dictatorial chinois :chuuuuuuuttttttttt. J’ose à peine imaginer le sort qui vous serait réservé, mon cher, si vous aviez prononcé une telle ânerie dans un contexte politique semblable.
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Lu dans le journal d’hier : «Un Russe complètement nu sur la place Rouge à Moscou dimanche a cloué ses organes génitaux entre des pavés près du mausolée de Lénine, apparemment pour protester contre “l’indifférence politique” de la société russe.» Alors voilà, un défi est lancé à tous les insatisfaits de notre apathie généralisée. Allez, gens de principes, y a-t-il des volontaires?
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L’album «à-tomber-sur-le-cul» de la semaine : This Kind of Life de They call me Rico. Un gars d’ici qui offre un blues-folk authentique, inspiré et totalement efficace. Trop bon.
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Les Alouettes ont perdu la demi-finale mais semblent au moins avoir trouvé un nouveau quart-arrière. Toujours ça de pris…
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.