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Pour ou contre l’exploitation du pétrole québécois

Bernard Landry, ex-premier ministre du Québec et signataire du «Manifeste pour tirer collectivement profit de notre pétrole»

Pourquoi votre regroupement a-t-il voulu écrire ce manifeste?
Nous voulons provoquer un débat de société. Divers partis politiques se sont montrés en faveur de l’exploitation du pétrole, mais il faut que les membres du public adhèrent aussi à l’idée selon laquelle on a besoin des hydrocarbures sur le plan économique pour faire face au défi de la dette et à celui du vieillissement de la population, qui va engendrer une diminution draconienne du nombre de payeurs d’impôts.

Le pétrole est donc là pour rester?
Le rêve serait que l’humanité tourne le dos aux hydrocarbures fossiles au plus vite, mais le pétrole est encore là pour plusieurs années. Il faut s’en départir, et appuyer par exemple le projet d’électrification des transports collectifs. Mais pour le transport individuel, les voitures électriques sont encore très coûteuses. D’ici à ce que ça change, il nous faut du pétrole, et tant qu’à y être, mieux vaut prendre celui d’ici plutôt que de prendre celui des sables bitumineux de l’Alberta ou encore du Moyen-Orient.

Ne serait-il pas mieux de convaincre les gens de changer leurs véhicules et leurs habitudes de transport?
Nous ne sommes pas dans un système autoritaire où on peut forcer les citoyens. Nous sommes dans une démocratie; il faut débattre et réussir à convaincre les gens qu’à long terme, c’est la solution.

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie pour Greenpeace Canada, qui se dit outré par les propos tenus dans le manifeste.

Avez-vous été déçu de lire ce manifeste?
Oui, très déçu de voir d’anciens politiciens se positionner contre le discours de la communauté scientifique. Avec des tonnes de preuves à l’appui, les chercheurs du monde entier et l’Agence internationale de l’Énergie ont démontré qu’il faut garder 75 % du pétrole qui n’est pas en production sous terre, afin d’éviter des catastrophes climatiques irréversibles.

Que pensez-vous de l’argument comme quoi l’or noir du Québec permettra de léguer une meilleure situation financière aux générations futures?
On va surtout leur léguer une lourde dette écologique, en augmentant les risques de déversements et de pollution. La mauvaise qualité de l’air coûte 2 G$ par année au système de santé québécois. On s’enfarge dans un modèle économique du siècle dernier, qui a montré que l’exploitation du pétrole n’est pas com­patible avec la santé de la planète.

Y a-t-il moyen d’améliorer l’économie sans le pétrole?
Oui, avec le développement des énergies vertes. Chaque dollar investi dans ces énergies peut créer six fois plus d’emplois que dans le secteur des hydrocarbures. Il y a un manque chez cette génération de politiciens, qui est trop peu sensibilisée à l’urgence de combattre les changements climatiques. Le Québec a toutes les ressources nécessaires pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre plutôt que d’en créer plus.

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