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La Catherine 2.0

Ma rue Sainte-Catherine dans l’ouest n’est peut-être plus ce qu’elle était mais, encore aujourd’hui, je lui réserve une place tout à fait spéciale dans mon cœur. Que voulez-vous, il y a de ces endroits qui représentent beaucoup plus que des assemblages de briques et d’asphalte. Moi, j’ai littéralement été «fait» par ce bout de chemin. Ses magasins, ses cinémas, son Forum. C’était le centre de l’univers, de mon univers. C’était hier…

Dans La Presse de samedi, on se demandait ce qu’on allait faire de la Catherine quand on aura fini de remplacer son voisin d’en dessous, ce trop vieil égout qui s’effondre de partout. On parle ici de l’objectif 2017, juste à temps pour les célébrations entourant le 375e anniversaire de l’auguste village.

Moi qui ne suis pourtant pas très porté sur la piétonnisation des voies carrossables, encore moins quand il s’agit d’artères principales, j’ai eu une vision. Pas trop tôt, je sais… Et oui, je crois qu’il serait souhaitable de passer à autre chose pour stimuler le poumon du centre-ville. En priorisant l’usager bipède. Et, conséquemment, éliminer la circulation automobile. Ben oui, fallait un jour en venir à ça… Voilà, c’est dit.

Tant qu’à y être, on devra également élargir les trottoirs qui sont décidément trop étroits. Mais attention! Il ne faudrait surtout pas se contenter de barrer la rue pour favoriser la propagation de terrasses à broue comme on le fait déjà chaque été dans le village, à l’est de Berri. Dans le genre, on a déjà suffisamment donné. D’ailleurs, dans mon esprit, il est hors de question de condamner toute forme de circulation, bien au contraire. Pour compléter adéquatement le portrait, il serait même obligatoire d’instaurer un service de navette qui permettrait aux citoyens de se déplacer entre Atwater et Saint-Laurent sans trop s’user les bottines.

Avant que l’on s’emballe dans un autre projet de fou, lâchez-moi tout de suite avec l’idée d’un tramway. Mignon comme tout, c’est indiscutable, mais trop cher, pas très pratique et, surtout, totalement inutile à mon avis. Parlons plutôt de nous équiper d’une flotte de bons véhicules à plancher bas (pour accommoder toutes les clientèles) montés sur des pneus on ne peut plus standards. Des autobus adaptés qui pourraient circuler à intervalles réguliers sur un chemin à deux voies et à deux sens. Sur une rue qui, chaque matin jusqu’à 10 h, pourrait également servir aux camions de livraison chargés du ravitaillement des nombreux commerces qui ne doivent d’aucune manière souffrir de cette transformation. La rue Sainte-Catherine est et a toujours été une artère commerciale et il faut absolument qu’il en soit encore ainsi. Faudra juste pousser la formule un peu plus loin pour s’adapter aux réalités contemporaines.

Voilà pourquoi on est obligés de sortir les bagnoles de l’équation. Au risque d’offusquer certains automobilistes. Doivent commencer à être habitués anyway. Et, juste entre nous chers amants du volant, avouons que c’est toujours compliqué de circuler sur la Catherine dans l’ouest. Le sacrifice ne devrait donc pas être trop cruel au bout du compte…

La rue Sainte-Catherine, ma Catherine, celle que j’ai connue et qui m’a tant allumé jadis, je rêve de la retrouver. Ainsi transformée par cette inévitable cure de rajeunissement, j’ai l’impression qu’elle pourrait connaître une formidable réincarnation. Et, pourquoi pas, redevenir le centre de l’univers qu’elle a déjà été. Tout comme hier, pareille comme avant…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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