Il y a à peine 48 heures, je ne savais pas qui était Michael Sam. J’ai beau suivre le football, je ne m’y intéresse pas au point de connaître les joueurs des universités américaines, même quand ils sont les meilleurs. Or, Michael Sam fait justement partie de l’élite et sera tout vraisemblablement sélectionné lors du prochain repêchage de la NFL.
En fin de semaine, Michael Sam a lâché le morceau : «Je suis ouvertement gay et j’en suis fier.» Une première dans le milieu du football américain. Et une quasi-première dans le monde du sport tout court. Un peu partout, on parle d’une historique sortie du garde-robe (non mais quelle détestable expression quand même…). En ce qui me concerne, c’est bien davantage aux esprits courts que cette annonce permettra de sortir de l’obscurité. Il était grandement temps. Tellement.
C’est fou le nombre d’expressions et de formules que l’on a pu utiliser à travers les temps pour laisser sous-entendre – en toute hypocrisie – l’homosexualité d’un ou d’une athlète. Combien de «célibataires endurcis» sont passés, combien de «play-boys» et de «bellâtres» ont parfois meublé le paysage des médias sportifs? Rappelez-vous des «amitiés particulières» que l’on prêtait à Rusty Staub jadis. Au même moment, sur la même page, on publiait également des photos où le grand rouquin tenait deux charmantes demoiselles par la taille comme s’ils allaient partir en croisière ensemble…
On imagine, enfin, on espère qu’en 2014, la grosse machine du football professionnel fera décidément un pas en avant en se foutant éperdument de l’orientation sexuelle de Michael Sam lors du prochain repêchage. Le gars étant un top de sa profession, ça serait un peu épais de se priver de son talent. On espère aussi que les moins talentueux pourront aussi disposer au plus sacrant des mêmes égards. Et que plus jamais, un athlète, peu importe son niveau, ne devra ouvrir son jeu comme si ça nous concernait. Parce que ça ne nous regarde pas.
En formulant ce souhait, je me souviens d’une phrase de Monique Giroux, l’excellente et respectée animatrice de la radio d’État. Le genre de phrase qui, mine de rien, nous marque à vie. Ce fut le cas pour moi en tout cas. Un jour, elle a déclaré : «Ce que je réclame, ce n’est pas le droit à la différence mais le droit à l’indifférence!» Tellement simple et totalement brillante. La leçon comme la femme.
Merci Monique. Et bonne chance Michael Sam. Suis content de vivre à la même époque que vous deux.
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Z’avez vu les trois sœurs Dufour-Lapointe? Vous les avez entendues en entrevue? Du bien beau monde, en dedans comme en dehors. Même s’il est difficile de mettre de côté tout ce qui nous tape sur le coco avec les Jeux de Sotchi, force est d’admettre que le sport fait encore le travail quand il vient nous saprer un sourire dans le bas de la face. Et, que voulez-vous, quand je me surprends à suivre avec intérêt des épreuves de luge et de bobsleigh à 3 h du matin, je me trouve pas mal divertissant moi aussi…
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Salutations émues et empathiques à Guy Daoust de Radio-Canada qui est en train d’établir (et d’encaisser…) le record mondial des impairs techniques aux Jeux de Sotchi. Ce gars-là mérite toute notre admiration à le voir se dépatouiller avec cette comédie d’erreurs d’aiguillage, de micros défaillants et d’improvisation digne de la plus amateur des télés communautaires. Je veux bien croire que les conditions ne sont pas les meilleures là-bas, mais à ce point-là…
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.